Titres
Formation en 2007
Ross Jennings [chanteur], Richard Henshall [clavier], Charles Griffiths [guitariste], Thomas MacLean [guitariste,bassiste,clavier], Diego Tejeida [clavier]
Est-ce que comme moi vous avez une certaine appréhension quand vous découvrez qu’un groupe que vous appréciez particulièrement sort un nouvel album ? Pour moi en général c’est un mélange stressant de joie et de peur. « Youhou super !!! Un nouvel Haken !! Vite !!!... Mais sera-t-il à la hauteur ? Est-ce qu’il va poutrer, au moins autant que les précédents ? Peut-être que c’est une grosse bouse.. ? » Et là c’est l’angoisse. On sait que l’album est prêt. Il existe là, quelque part, sur quelques milliers de galettes numériques, ainsi que dans les limbes de divers clouds aux quatre coins du monde. Il est prêt, il attend, et tout comme le chat de Schrödinger, il peut être soit bien, soit mauvais, et il y a même une probabilité qu’il soit l’un et l’autre à la fois, et tant que l’écoute ne sera pas lancée, on peut envisager toutes les solutions possibles.
Mais heureusement pour vous, moi je l’ai écouté. Donc trêve de blabla, je vous enlève ce stress, et je n’y vais pas par quatre chemins, je vais droit au but, j’arrête de tourner autour du pot, et je vous écris de manière franche et directe. J’annonce donc solennellement que ‘Vector’, le nouvel album du groupe britannique de métal progressif, est bien. Voilà… Oui oui, je confirme il est bien…
Sombre et lourd. Voici les premiers mots qui me viennent à l’esprit pour qualifier cet album. Haken est un groupe de metal progressif mélodique. Métal et mélodique ne sont pas contraires mais tout de même difficiles à concilier. Haken, c’est la parfaite balance entre la force du métal et la puissance de l’harmonie. Il est clair que pour Vector elle penche lourdement vers le heavy métal. « Nous avions quelques morceaux plus heavy dans notre dernier album Affinity (2016). Et ils sonnaient vraiment bien. A la fin de l’année […] nous avions alors le sentiment qu’il était temps de prendre une position plus heavy » nous explique le clavieriste Diego Tejeida.
En effet, Vector est en quelque sorte la continuité de The Architect de Affinity en peut-être plus sombre, plus torturé encore. Et pour cause, le thème de l’album porte sur l’esprit humain, la face sombre de la psyché humaine. Ross Jenning donne ses références : ‘Vol au dessus d’un nid de coucou’, ‘The shining’, ‘Orange mécanique’… le ton est donné.
Musicalement, on est loin des thèmes entêtants, des envolées harmoniques de titres tel que ‘Vision’ ou ‘Atlas Stone‘, ou encore du burlesque d’un ‘The Cockroach King’. ‘Vector’ ne rigole pas et offre un métal technique que même la voix du chanteur, claire et mélodique, n’arrive jamais à atténuer. Guitares et batterie jouent un djent calculé, d’une précision implacable, de riffs plus acharnés les uns que les autres et bourrés de polyrythmies insaisissables (même pour le humble professeur de batterie que je suis), comme dans ‘Puzzle Box’, ou ‘Nil by mouth’ (un instrumental très death metal). On retrouvera quelques racines de Haken dans ‘Host’, plus calme et mélancolique, ou dans des titres tel que ‘Veil’, ‘The good doctor’ ou encore ‘Cell devides’.
Pour ma part, je n’ai pas vraiment envie de jouer la carte du « c’était mieux avant ». Même si je préfère les précédents albums, on ne peut pas passer à côté de l’exploit de technique et de composition que propose encore une fois le sextuor. Mais je dois l’avouer, je n’ai ressenti à aucun moment le dressement de poils, la chair de poule que je ressens systématiquement à l’écoute des premières notes de ‘Vision’ (album ‘Aquarius’ de 2010), ou cette mélancolie dans ‘Somebody’ et ‘Nobody’ (album ‘The moutain’ de 2013) qui me donne l’envie de pleurer sans savoir pourquoi. Donc ‘Vector’ est bien oui, mais il ne détrônera pas mon top cinq perso de mes albums préférés (qui contient les quatre premiers albums du groupe tout de même…).