Troisième fois que je vois Pendragon à Bordeaux, dans trois salles distinctes, et pour la promotion de trois albums différents (Pure, Passion, Men Who Climb Moutains).
La Rock School Barbey est une salle importante pour les groupes qui passent dans cette ville, la dernière fois que j’étais venu, c’était il y a peu, pour un concert à vous faire arrêter de vouloir être musicien (ou au contraire à faire naître une vocation) : la tournée de promotion de The Raven That Refused to Sing de Steven Wilson.
Contrairement au concert de Wilson, la salle n’est pas pleine alors que le président d’Eclipse, l’association qui a organisé le concert avec le soutien de Nick Barrett, se félicite du pari gagné, promet d’autres soirées prog à la Rock School Barbey (chouette !) et invite Gary Chandler à ouvrir le bal.
Le leader du défunt Jadis (enfin, on ne sait plus !) s’avance seul pour un set très court en deux parties : électro-acoustique d’abord, avec notamment un "Your Own Special Way" hommage à Genesis plutôt réussi ; électrique ensuite avec le soutien de bandes. Gary, croisé le midi près de la salle, l’air fatigué, semble en forme, parle un peu en français, plaisante, son show est rôdé, hélas pour moi trop court et sans rappel…
J’avais vu Chandler (et pas Chandelier comme sur la projection du fond de scène !) en première partie de la tournée Pure, avec Steve Thorne en plus pour un set un peu plus long et plus convaincant. Mais comme j’adore ce gars, sa voix, son jeu et ses compos, j’étais bien content de le revoir. Du coup, stand merchandising, et hop, deux albums de Jadis que je n’avais pas !
Pause bière qui me permet de discuter avec George Pinilla de George’s Shop, pas vu depuis longtemps alors qu’on est quasiment voisins !!!!
Extinction des lumières et arrivée de Pendragon, les uns après les autres, Nick en dernier, comme il se doit et on a bien compris de quoi il retourne : Pendragon, c’est Nick Barrett, pour le public au moins, même si son attitude sera très chaleureuse et complice avec les autres membres du groupe pendant tout le concert. Par rapport à d’autres dates de la tournée, les choristes ne sont pas là et leur absence se fera sentir sur certains morceaux.
Les musiciens mettent un peu de temps à se chauffer, la soirée de la veille à Pau, avant, pendant, voire après le concert organisé par la bande à Captain Dom, semble avoir laissé des traces, mais ça tourne rond. D’ailleurs, Clive Nolan ne s’essaie aux chœurs que sur un morceau, il est quasiment aphone, lui et Nick se marrent. Heureusement, Clive s’amuse bien avec ses claviers montés sur un pied rotatif, et semble prendre du plaisir, notamment sur les anciens morceaux (les mieux interprétés comme "Masters of Illusion").
Peter Gee fait du Peter Gee, débonnaire, chaleureux, appliqué, ajoutant de la guitare acoustique par-ci, des claviers et des bass-pedals par-là, des chœurs de-ci de-là.
Craig Blundell, successeur d’un Scott Ingham qui avait amené du punch à la musique de Pendragon, passe avec succès l’épreuve de la scène (pas étonnant au regard du pedigree du monsieur) et se montre tout à fait compatible avec le style du combo anglais. Son solo, qui m’avait semblé ennuyeux sur une vidéo du concert au Z7, passe très bien en fait, et son aisance sur les passages en finesse comme sur les cavalcades musclées contraste avec les quelques petites hésitations qui émaillent ce concert. En même temps, me direz-vous, le groupe ne joue que deux morceaux du nouvel album, le seul que Craig ait enregistré avec eux : un "Beautiful Soul" plutôt réussi, et un "Explorers of the Infinite" encore en rodage.
Passion est également largement évité, seul "This Green and Pleasant Land" étant joué, moins bien que lors de la tournée précédente, de mémoire. De même pour Pure et Believe, avec un "Indigo" de belle facture. La qualité du son, elle, fluctue : les claviers sont trop bas pendant une bonne partie du concert, et la guitare parfois trop forte, mais le public n’a pas l’air de s’en soucier, tout à sa joie exponentielle…
Soyons clair, ce n’est pas un concert de promotion pour Men Who Climb Mountains, ce qui semble ravir l’assistance dont la moyenne d’âge est somme toute assez respectable, malgré quelques très jeunes sur le côté de la scène, amenés par un papa fanatique (Nick ira très gentiment les voir). Anecdote d’ailleurs : à l’entrée dans la salle, les gradins étaient fermés, ce qui laissait entendre que tous les billets n’étaient pas vendus… Et puis, d’un coup, ils se sont remplis, nous laissant circuler dans la fosse avec aisance (pas pu m’empêcher de la faire, celle-là)… à part, bien entendu à l’approche de la scène, largement squattée par des photographes ayant une déontologie aussi minime que leurs objectifs pouvaient être gros !
L’ambiance monte au fur et à mesure que la voix de Nick commence légèrement à peiner, mais il gère ça comme le baroudeur qu’il est, c’est chaleureux comme entre de vieux amis qui se retrouvent, et les rappels montrent que le groupe apprécie. Fin du spectacle, avec un gâteau d’anniversaire et un "Happy Birthday" pour la responsable du merchandising, repris joyeusement par le public qui, repu et comblé, se précipite vers la sortie…
J’adore Pendragon, j’ai aimé le dernier album (voir ma chronique http://neoprog.eu/critique/pendragon/men_who_climb_mountains), et je suis aussi un de ceux qui ont adoré Passion. Ce soir-là, j’ai encore particulièrement apprécié les morceaux et les passages énergiques, vraiment impressionnants… Je rentrerai dans un brouillard tout à fait britannique, l’esprit brumeux : finalement, par l’intermédiaire magique du roi Pendragon, l’Aquitaine était peut-être encore pour un soir rattachée à l’Angleterre…
Rédigé par : Henri