Jour 2
Après un petit déjeuner (allemand bien sûr), mon hôte me prête son vélo pour aller faire un tour dans Mainz qui est à une petite quinzaine de kilomètres. Je profite donc de la majeure partie de la journée pour visiter Mayence. C'est en plus jour de marché sur la place centrale de la ville, je me fonds dans la foule et en profite pour engloutir sur le pouce une Fleischwurst fumante. Une forêt de tables hautes sont disposées près des nombreux camions magasin, et tout le monde mange debout à la bonne franquette, qui un verre de vin blanc, qui un jarret ou une soupe de potiron aux châtaignes. Sympa et convivial.
De retour à Das Rind vers 17h00, j'attends de nouveau que la salle s'ouvre. Dominique de Lazuli discute avec le petit groupe de français qui patiente devant l'entrée de la salle encore fermée. Ce coup-ci je me poste sur le côté gauche de la scène, évitant le petit vestibule dont le rideau noir est aléatoirement fermé, révélant un néon criard qui a gâché pas mal de photos hier soir.
InvertigoInvertigo ouvre le bal de cette seconde soirée. Invertigo, groupe allemand, joue donc ce soir à domicile. Les têtes sont couvertes : casquette pour Carsten le batteur, bandana pour Michael aux claviers, casquette plate pour Matthias à la basse. J'ai Kolja et son joli manche de guitare décoré en pleine ligne de mire de l'objectif, je vais en profiter. Encore une fois le cocktail prise de photos/découverte d'un nouveau groupe fait que je ne vais pouvoir vous dire grand chose de ce concert. Pour ainsi dire je ne suis guère emballé. Encore des copains en perspective, mais le groupe manque de pêche et d'énergie à mon goût, cela me semble un peu poussif. Sebastian n'est pas tout le temps dans le ton des notes. Michael a un clavier qui n'arrive pas à sortir ses notes, ce qui provoque un petit temps mort dans la salle. Carsten en profite pour improviser un petit rythme folk campagnard que la guitare de Kolia accompagne avec un zeste d'humour. Le public reprend en tapant dans ses mains, le petit souci rapidement réparé de connectique aura été l'occasion de répandre le sourire dans la salle. Les titres s'enchaînent, Matthias et sa basse à manche coupé traversent la scène pour venir jouer quelques minutes avec Kolja. Le concert durera une petite heure.
Setlist
01 Terminator Theme
02 Interruption
03 Darkness
04 Listen To The Smell Of A Pretty Picture
05 Severn Speaking
06 Wasting Time
KaribowLe temps d'un nouveau changement de scène, et le public accueille Karibow. C'est en majeure partie pour eux que j'ai fait la route. Leur dernier album double CD Holophinium a été un gros coup de cœur, et je me réjouis de les voir en chair et en os. Grosse surprise, les claviers sont absents (ma conversation avec Oliver à la fin du festival me donnera les raisons d'une telle absence). Le groupe a enduré en Juillet le décès soudain de Markus Bergen, et s'est mis à la recherche d'un remplaçant, qui, pour 'raisons familiales' selon l'expression consacrée dans de tels cas, n'a pu être présent. Le groupe, qui n'a pas eu le temps de se retourner, joue donc avec une trame sonore qui restitue les claviers (ils jouent 'au clic'). Autant dire que c'est loin d'être top. Liberté d'expression bridée par le support, l'impression que les musiciens ont du mal à se caler ensemble, que Oliver a aussi du mal avec sa voix, et que globalement le groupe n'est pas à l'unisson, que chacun joue de son côté. Le son est de plus aussi perfectible, je n'arrive pas à distinguer ce qui vient de la scène de ce qui est enregistré. C'est une grosse déception pour moi. Au rayon des choses positives, Oliver, chanteur aux cheveux fous, habite bien les paroles avec des expressions et une gestuelle qui restituent une émotion palpable.
Alors oui je suis déçu. Mais Karibow, avec un concert d'à peu près 1h30, a des circonstances atténuantes ce soir. Souhaitons-leur de retrouver une configuration stable très rapidement. Quand on vous dit que les groupes ne sont pas forcément là où on les attend…
Setlist
01 Holophinium
02 The Cry
03 E.G.O.
04 Victims Of Light
05 Change
06 River
07 Quantum Leap
08 9/16
Melanie Mau et Martin SchnellaMartin Schnella, assis sur un tabouret haut, se prépare sur scène en compagnie de sa guitare. Melanie Mau est au chant principal, et Niklas Kahl aux percussions. Les préparatifs sont vite faits pour le trio qui sera en configuration minimale ‘acoustique’ : trois micros et un tabouret. Nicklas installe différents modèles de cajons en bois que je découvre : grand octogone allongé, grand caisson de basse couché, petits bongos. Pour resituer ce trio, Melanie est la chanteuse du dernier album de Frequency Drift. Elle a été aussi impliquée avec son partenaire dans des projets tels que Seven Steps To The Green Door, tout comme Martin qui de son côté a aussi fort à faire avec Toxic Smile et Flaming Row.
Les deux, ensemble sur scène comme dans la vie, reprennent aussi des standards progressifs (ou non) revisités à leur manière, et c’est le programme qu’ils nous présentent ce soir. Le trio nous gratifie d’un concert plein de fraîcheur et de bonne humeur. Une véritable chaleur et bienveillance émane du groupe. Une guitare cristalline, la voix chaude de Mélanie qui nous envoie directement au pays de la country, des percussions feutrées et dynamiques, ainsi qu’une complicité évidente et de larges sourires sur les visages. Il n’en faut pas plus pour passer un excellent moment. Alors quand le public reprend en chœur le refrain de ‘Message in a Bottle’, quand la guitare s’affole sous les doigts de Martin qui se met aussi à quelques moments de tapping et des harmoniques en rafale, et quand Niklas utilise son coude sur la peau de chèvre pour terminer par un superbe effet reverb, on est aux anges. Kansas, Tasmin Archer, Nightwish, Flying Colors, Peter Gabriel, Judas Priest, tout y passe. Je découvre la reprise de Changes de Yes dont l’interprétation est encore une énorme surprise. Ce trio est pétri de talent, on a envie de passer des heures en sa compagnie à côté d’une bonne flambée dans la cheminée. Alors merci pour ce moment touchant en votre compagnie. Ce concert est la très bonne surprise de ce PPR festival.
Allez faire un petit tour sur leur chaîne
ToiTuyau. Bon de vous à moi je n’aimerais franchement pas être le coiffeur de Martin, parce que là aussi il y a du pain sur la planche (ou pas !).
Setlist
01 Diggin In The Dirt (Peter Gabriel)
02 Message In A Bottle (Police)
03 I Want You Back (Jackson 5)
04 Miracles Out Of Nowhere (Kansas)
05 Kayla (Flying Colors)
06 Curse My Name (Blind Guardian)
07 Touch Of Evil (Judas Priest)
08 Amaranth (Nightwish)
09 Point Of Know Return (Kansas)
10 Changes (Yes)
11 You're The Voice (John Farnham)
LazuliLes cinq gardois ont un peu de mal à mettre en place leur matériel et trouver leurs marques sur la scène exiguë de la salle du Das Rind, mais tout rentre dans l’ordre rapidement. Ce sera la troisième fois que je vois Lazuli sur scène, un groupe probablement plus connu à l’étranger que dans son propre pays
Que puis-je dire de plus que ce que je n’ai déjà dit dans les autres live reports (
Chez Paulette en juin 2016,
Loreley en juillet 2015) portant sur la prestation de Lazuli ? Très honnêtement pas grand-chose. Pour ceux qui n’ont jamais assisté à un concert du groupe, c’est bien sûr indéniablement à voir. Lors du rangement de la scène à la fin du concert, Dominique, malade, s’excusera pour sa voix qu’il ne trouve pas au top, je n’ai sincèrement rien décelé. Je ne l’avais jamais entendu parler allemand avec son accent du Sud, c’est un régal de l’entendre annoncer les titres dans la langue de Goethe qu’il a couchée sur une feuille écrite. Le public a bien sûr droit au petit bain de foule de Gédéric et Dominique, au cor et à l’improvisation de Romain au clavier, ainsi qu’à l’incontournable ‘Neuf mains au marimba’ qui clôt la soirée, et le festival.
Setlist
01 Le Temps Est À La Rage
02 Le Lierre
03 Déraille
04 Le Miroir Aux Alouettes
05 Abîme
06 Le Mar Du Passé
07 Chaussures A Mos Pieds
08 L'Arbre
09 Je Te Laisse Ce Monde
10 Film D'Aurore
11 Homo Sapiens
12 Les Sutures
13 Les Malveillants
14 Nos mes Saoules
15 Les Courants Ascendants
16 9 Hands Around The Marimba
Au total ce sont environ 200 personnes qui ont assisté à ces deux jours de festival allemand, une progression en hausse par rapport à l’année dernière selon les organisateurs. Un festival qui pour moi a alterné le bon et le moins bon. Pour résumer une grosse déception avec Karibow, et une très agréable surprise avec Martin Schnella et ses partenaires. Mais là n’est pas vraiment l’important. L’important c’est que de petits festivals tels que le Progressive Promotion Records Festival puissent continuer à vivre grâce à l’implication de passionnés qui ne comptent pas leur temps, et surtout grâce au soutien de tous.
Alors rendez-vous l’an prochain sans faute !
Rédigé par : Laurent