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Live report du 08/04/2018 - ArtRock Festival
Dimanche 8 Avril

Ce matin, mon adresse préférée de petit-déjeuner fait un buffet Frühstück. Et c'est un Frühstück allemand: œufs, bacon, jambons, salami, tomate/mozza, fromages, pains de toutes sortes, salade grecque, beurre, confiture, miel, salade de fruits, gâteaux, petites pâtisseries…Bref je brunche pour une bonne partie de la journée. Neuf euros hors boissons, je vous défie de trouver ça en France pour le même rapport qualité/prix.

Ce début de dimanche va être très local avec Martin et Melanie, suivis de Toxic Smile.

Melanie Mau et Martin Schnella (12:00 - 13:00)
Melanie et Martin avaient été pour moi une bonne surprise lors de leur découverte en live au PPR Festival 2016. C'est avec grand plaisir que je retrouve le jeu de guitare de Martin ainsi que la voix de Melanie. Pas trop envie de prendre de photos, je me laisse bercer par les reprises du trio. Les percussions, jouées par Niklas, ont été enrichies d'une cymbale et d'un carillon. Martin échange plusieurs fois avec le public ; là encore simplicité, bonne humeur et plaisir sont les maîtres mots de ce concert. Uwe viendra les remercier sur scène, notamment pour leur contribution à ce festival. Le trio a, entre autres, en effet contribué au titre 'Stay' spécialement créé pour ce festival, dont le CD est en vente sur place, et dont les recettes contribuent à l'acquisition de 'Der Jahrhundertschritt', un bronze de Wolfgang Mattheuer, artiste né à Reichenbach en 1927. La sculpture est exposée juste à l'entrée de la Neuberinhaus.
'Stay' est toujours disponible à la vente, c'est en plus pour une bonne cause. Ce titre a été conçu et produit par Marek Arnold, autre artiste touche à tout local et prolifique, et qui se retrouve maintenant sur scène aux claviers avec Toxic Smile.

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Melanie Mau et Martin Schnella


Toxic Smile (13:10 - 14:15)
La formation locale délivre un rock très appuyé à forte teinte metal. Je pensais entendre un peu du dernier album des allemands, Farewell, que je connais le plus, j'en serai pour mes frais. Un album avec une seule piste ne se prête pas forcément le mieux à l'exercice du live... Il n'en reste pas moins que ce concert me donne envie d'écouter les albums précédents du groupe. Je retiens la basse six cordes énorme de Robert, ainsi que Stephan qui assure vraiment à la guitare. Si vous aimez le prog metal bien appuyé avec de belles séquences mélodiques, Toxic Smile est fait pour vous. Le concert finira avec quelques canards maîtrisés à la perfection par Marek au saxo, provoquant l'hilarité générale dans la salle. Très très drôle.
Le public présent a la chance de voir un des derniers live du groupe. La formation a en effet annoncé se retirer de la scène musicale, leur dernier album ne pouvait pas porter mieux son nom.

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Larry B. (chant) et Stephan Pankow (guitare), Toxic Smile

Jadis (14:35 - 16:15)
Le prochain groupe à monter sur scène est Jadis. La configuration de scène est surprenante, avec trois musiciens sur la gauche, Martin et ses claviers se retrouvant un peu isolés sur la droite. Le concert de Jadis se base essentiellement sur le jeu de guitare de son frontman, Gary Chandler, qui se dépense sans compter sur scène. Le chanteur restera un titre seul sur scène pendant que ses compagnons iront se désaltérer lors d'une courte pause. La encore il m'est très honnêtement assez difficile de me positionner sur la prestation du groupe anglais, je ne suis pas vraiment spécialiste de ce groupe.

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Gary Chandler et Andy Marlow, Jadis (de gauche à droite)

Suite à la loterie mise en place comme l'an dernier pour faire gagner une guitare dédicacée par tous les groupes du festival, Uwe annonce que le numéro 74 est l'heureux(se) gagnant(e). Pas de réponse dans la salle, il (elle) est sûrement dehors à effectuer une petite pause au soleil.

Une grande affiche-rideau au design psychédélique et aux couleurs brun-orange, au nom du prochain groupe, Siena Root, est suspendue derrière le set de batterie dont la grosse caisse éclairée par des LEDs change de couleur. Depuis le début du festival c'est la première 'décoration' qui est mise en avant sur scène. Bien vu, ça change. Un Hohner Clavinet D6 qui semble déjà avoir pas mal bourlingué, en fait une vraie antiquité, trône sur la gauche de la scène. Waouh. Sans avoir vu les musiciens, ça sent déjà bon les années 70 et le flower power à plein nez.

Siena Root (16:40 - 18:00)
Effectivement les musiciens sont originaux et ont un look qui détonne par rapport à ce que nous avons déjà vu. Pas mal de barbe et de cheveux sont disséminés un peu partout dans le groupe: Erik au clavier, avec lunettes, béret et grosse moustache, Sam à la basse, pendentif Peace and Love, Matte, pattes d'éph et Bluesmaster assortie en main - qui m'a fait penser à Robert Hansen (Beardfish) - allez savoir - et Love à la batterie qui gagne haut la main le concours des plus longs cheveux. Et bien sûr n'oublions pas Lisa, longue robe et petit piercing au nez qui va nous scotcher pendant tout le concert avec sa voix, sa fougue et sa vitalité sur scène. Une grosse grosse voix qui vient du ventre, il ne peut en être autrement lorsqu'on observe la jolie blonde chanter et tout balancer sans fioritures ni préciosité. Une voix naturellement "pure roots" là aussi, remplie d'énergie sauvage et d'expressivité. Siena Root est un groupe suédois - il vient de Stockholm - et ses membres vont carrément tout déchirer. Leur musique est assez indéfinissable, je me souviens d'un passage très reggae, mais il flotte avec notamment cet orgue un mélange de bonnes odeurs psyché rock, dont The Doors, il me semble, font assez partie. Le public est conquis, Siena Root est là encore pour ce dimanche la surprise très très rafraîchissante du jour. Les grincheux diront qu'ils n'inventent rien, reprenant peut-être des recettes inventées dans ces années Flower Power de bouillonnement intense. Il n'empêche que le groupe forme un tout cohérent de fraîcheur, de spontanéité désintéressée, d'énergie, d'originalité musicale et scénique indéfinissable et revigorante. Le public, là encore, ne s'y trompe pas avec ses applaudissements très nourris. Bravo, je suis aussi conquis. A l'occasion, jetez une oreille à ce groupe.
Avec Siena Root,
Ca envoie, aucun doute.

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Lisa Lystam, Siena Root

Huis (18:30 - 20:00)
Michel Saint-Père était venu l'an dernier avec Mystery dans sa besace, cette année il a ramené de Montréal ses compères de Huis. Le groupe fait monter le suspense en diffusant la musique avant l'entrée sur scène. Sylvain le chanteur est encadré sur une même ligne par les deux guitares de la formation. Je reconnais le premier titre joué, Synesthesia, de leur dernier album, même si je connais le plus leur premier (Despite Guardian Angels). Besoin d'une pause et d'un peu d'air frais, un peu saturé de musique, fatigué, je ne vais pas forcément apprécier à sa juste valeur la prestation des canadiens que je louperai une petite demi-heure. Difficile de passer après Siena Root, tabarnak ! Les fans du groupe ont sans aucun doute passé un excellent moment.

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Michel Saint-Père (guitare) et Johnny Maz (claviers), Huis

Setlist
1.Synesthesia 2.Haunted Nights 3.Oude Kerk I 4.Entering the Gallery 5.Man on the Hill 6.If by Morning 7. The Giant awakens 8.Memories 9.Beyond the Amstel
Rappel: Nor on Earth

Ken Hensley & Live Fire (20:45 - 21:50)
Ken Hensley est présenté par Uwe comme un des meilleurs musiciens de tous les temps, ni plus ni moins. Personnellement je découvre le personnage sur scène. Ken est né en 1945 (faites le calcul), le nom de l'artiste est associé, entre autres, avec Uriah Heep, mais là encore ce serait réducteur de s'arrêter à cela en ce qui concerne le chanteur, compositeur, multi-instrumentiste et producteur anglais.
Les réglages sont l'occasion pour toute la bande de plaisanter, de se chambrer, bref de s'amuser entre eux avec une ambiance bon enfant. Tom le batteur est assez intimidant, je n'aimerais pas m'embrouiller avec lui. Uwe effectue un petit speech dont le contenu total me restera incompris. J'ai juste retenu "Le plus important, c'est que vous soyez là". Sûrement un petit rappel sur le fait qu'une des seules façons de vraiment soutenir les artistes et leur musique, c'est d'aller aux concerts et aux festivals. Uwe fait remarquer à Ken que c'est l'heure de commencer, ce à quoi Ken lui répond avec malice "Attends mec, il faut encore que j'aille me changer !".

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Bonne humeur sur scène pendant les réglages pour Ken Hensley & Live Fire

Caché derrière son orgue sur lequel il a scotché un clavier sur le haut du pupitre, le musicien est hors de portée d'objectif, et ça se bouscule au portillon sur le côté pour pouvoir le prendre en portrait. Une grande partie du public est d'ailleurs massée du côté du claviériste. Pas envie de patienter, et de toute façon d'autres feront des photos meilleures que moi de la légende vivante. J'aurai l'occasion de prendre quelques photos de Ken lorsque qu'il viendra ensuite sur scène avec sa guitare, vêtu d'un cuir bleu en mode indien. Je prends ce dernier concert comme il vient, encore à la découverte de nouvelles chansons et refrains. La Ken Hensley and Live Fire est une bande empreinte de bonne humeur et de complicité. C'est une grande surprise d'entendre déjà l'annonce de la fin du concert (Hein ? Déjà fini ?), sûrement trop court aussi au goût du public. Après vérification, et à moins de m'être trompé dans mes notes, il semble que la formation ait joué pendant une heure. Trop peu à mon sens pour un concert final de festival. Les contraintes personnelles, logistiques et administratives n'y sont sûrement pas étrangères.

Le plateau ainsi que la grande salle sont débarrassés et désertés en un tour de main. Rideau sur le Artrock Festival VI et ces trois jours musicaux encore très denses.

Alors quel bilan tirer de cette ARF édition numéro 6 ?

Force est de constater que l'équipe organisatrice ne se repose pas sur ses lauriers, comme en témoigne les nombreuses innovations mises en place cette année. Une équipe qui est rôdée et continue sûrement de s'améliorer sur tous les points. Un gros bravo.

D'abord le timing. Impeccable, rien à redire, tout a été dans les clous par rapport à l'agenda annoncé. Je me souviens de Pendragon finissant son concert à 2h30 du matin lors d'une précédente édition​, cela fait bel et bien partie d'un passé révolu. Vingt minutes en moyenne de battement entre chaque groupe, c'est du haut vol. Le plateau tournant, innovation majeure, est bien sûr à l'origine de cette grosse amélioration.
Le catwalk est une bonne option pour tout le monde: pour les artistes qui veulent aller plus au contact de la foule, pour le public qui peut profiter d'autres endroits pour se poser (et poser aussi leurs bières) et profiter de la scène, pour les photographes qui disposent d'angles et de vues supplémentaires. J'ai juste trouvé ce podium un peu trop long par rapport à la fosse, car il se termine en face d'une rambarde, et laisse peu de place pour se déplacer à droite et à gauche de la scène en cas de très forte affluence.
Une autre innovation a été, pour le samedi, la bande à Kalle Wallner qui a joué entre les changements de plateau et les réglages, donnant un côté encore plus festif au patio de la Neuberinhaus, et permettant au public, s'il en était besoin, d'avoir encore et toujours quelque chose à se mettre sous la dent, en plus des plats abondants sucrés et salés servis sur place.
Nous en avons déjà parlé, l'équipe organisatrice a aussi édité, grâce à Marek Arnold et aux nombreux artistes qui y ont collaboré, un CD un titre du festival, dont les ventes servent à l'acquisition d'un bronze pour la ville de Reichenbach. Ou quand la culture sort grandie d'un accord gagnant-gagnant pour tout le monde. Une vente aux enchères de photos exposées a aussi eu lieu, avec Kalle en tant que commissaire-priseur, sûrement dans le même but de récolte de fonds.
La programmation de dix-sept concerts était variée et éclectique. Une programmation européenne (Italie, Allemagne, France, Suède, Pologne et Royaume-Uni - oui le Brexit est passé par là je sais -) et incluant le territoire Nord américain, mélangeant, entre autres, vieux briscards rock, légendes issues de la période Marillionesque années 80, et artistes de l'écosystème progressif local. Une programmation incluant notamment neoprog, prog symphonique, rock, metal, blues, psychédélique.

ArtRock Festival
Le set de batterie prêté pour le festival

Là encore il y avait pour moi beaucoup d'inconnues, soit au niveau du groupe, soit au niveau de leur discographie, ce qui fait que la musique a été plus une découverte qu'un plaisir d'écoute live de titres connus et déjà écoutés de nombreuses fois. Ceci pour dire qu'il est difficile de donner un avis objectif. Il est vrai que certains groupes ne m'ont pas parlé, mais difficile de faire la part des choses sur des découvertes. Personnellement cela a été une petite source de frustration, éclipsée par la saveur des belles surprises et moments vécus. La très belle surprise vient de Siena Root et de ses originalités, sans aucun doute à classer dans les temps forts de ce festival. Temps forts dans lesquels on peut aussi inclure Dana Fuchs pour son message de vie, Wilson & Wakeman pour le côté intimiste et le 'stage diving' de Damian, David Cross Band pour la virtuosité de ses membres. Quant à Lazuli, je les ai vu maintenant tellement de fois que je pense ne plus remarquer leur succès, ni être vraiment objectif sur le seul groupe français présent à ce festival.
J'ai été surpris certaines fois par la durée un peu courte des concerts (Ken Hensley notamment). D'une manière générale il s'agit là d'une caractéristique inhérente à tout festival, où le compromis entre le nombre de groupes et la durée de leur prestation ne doit pas être facile à trouver. Beaucoup de groupes avec une durée de concert assez courte, ou un nombre plus limité avec des concerts plus longs ? Sûrement un casse-tête à résoudre et un équilibre pas facile à trouver pour tous les organisateurs de festivals.

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Le saut de la mort qui tue de Damian Wilson

J'aurais aimé prendre plus de temps pour approcher les artistes, toujours disponibles, et discuter avec eux. Une approche assez difficile à initier pour moi. Et puis pendant que vous discutez, vous n'êtes pas dans la salle à regarder le concert. Parlez-en à Uwe qui a conduit les artistes très probablement entre l'aéroport et la salle, il aurait bien aimé assister à quelques concerts… Il règne aussi dans la Neuberinhaus une ambiance familiale ou beaucoup de gens locaux se connaissent. Une sorte de grande famille là encore assez intimidante pour moi, avec la barrière de la langue qui n'aide pas forcément, même si j'arrive à discuter un peu dans la langue de Goethe.

L'affiche manuscrite placardée dans le hall pour le ARF VII, et annonçant un prix préférentiel de cents euros pendant les trois jours de ce festival 2018, donne la réponse à ceux qui se posent la question pour l'an prochain. Sont déjà annoncés IQ, Arena, Karat, AnTon, Credo, Franck Carducci, VUUR, IQ, Melli Mau & Martin Schnella, Mystery, Polis, Red Sand, R.P.W.L., SSTTGD, Silhouette et Sylvan.
L'occasion pour le public français, absent de ce festival, de venir grossir les rangs du public.

Encore un grand merci à tous, et rendez-vous l'an prochain.
Zugabe, Zugabe !

Laurent.
ArtRock Festival VI

PS: plein d'informations complémentaires sur cet ARF VI (albums photo, vidéos, commentaires) sont disponibles sur les réseaux sociaux et Youtube.
Les setlists proviennent de www.setlist.fm

Rédigé par : Laurent