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Watershed
Opeth - Watershed
Titre : Watershed
Groupe : Opeth
Sortie : 2008
Label : Roadrunners Records
Format : CD
Genre : Metal

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Titres

  • Coil
  • Heir Apparent
  • The Lotus Eater
  • Burden
  • Porcelain Heart
  • Hessian Peel
  • Hex Omega
  • Derelict Herds (bonus)
  • Bridge of Sighs (bonus)
  • Den ständiga resan (bonus)

Formation en 1990

Mike Akerfeldt [chanteur,guitariste], Martin Mendez [bassiste], Martin Axenrot [batteur], Fredrik Akesson [guitariste], Joakim Svalberg [clavier]

La discographie d'Opeth s’impose à la plupart des fans de metal progressif comme un parcours à la fois d'une rare homogénéité qualitative et d'une grande hétérogénéité musicale. Ainsi devient-il banal pour un chroniqueur de préciser à la fin d'une critique sur Opeth que l'album en question est un projet audacieux, qu'il brise une fois de plus les codes qu'on avait pu croire lui imposer... Mais au-delà de l'originale variation de style habituelle, Watershed va plus loin. Avec le recul, on pouvait déjà prévoir la magnifique aberration Heritage en regardant simplement les pochettes de Ghost Reveries et Watershed qui restaient mystérieuses mais dont les couleurs vives avaient supprimé toute connotation morbide. Si Ghost Reveries imposait timidement des tendances plus douces, Watershed lui, enfonce totalement le côté death metal qui vient ici se placer à part égale avec un progressif folk symphonique. Le nouvel album de 2008 se situe donc très logiquement dans la discographie d'Opeth car il est en quelque sorte la transition entre les bourineries savantes de Ghost Reveries et les escapades ambiancées d'Heritage. Et pour cause, le nouveau disque titille déjà les futurs déçus d'Heritage qui sans détester cet album le trouvent plutôt plat et incohérent, le situant dans les disques moyens du groupe.

En fait, ce grand virement musical peut facilement se comprendre : par la force des choses, il devenait sûrement de plus en plus dangereux pour Åkerfeldt d'innover sur un death metal qu'il pratiquait bien depuis 20 ans. On pourrait facilement s'imaginer, des albums pas totalement mauvais, mais à coup sûr gâchés par un remplissage qui aurait pu suivre Ghost Reveries (quelques petits manques d'inspiration apparaissaient d'ailleurs sur Ghost Reveries et Deliverence). En accordant plus de place à un rock progressif pur, il s'assure de pouvoir de nouveau se renouveler tout en donnant une garantie que les quelques riffs tranchants ou les soli compliqués soient de grands moments de metal, à défaut d'être nombreux. Figurez vous en plus que tout tombe bien : le leader compositeur avoue qu'il ne prenait plus de plaisir depuis Watershed à chanter growl et qu'il ne voyait plus l'intérêt de le faire juste pour le faire. Que cette stratégie artistique soit consciente ou non de la part de ce cher Mickael, cela reste un mystère... Mais l'essentiel reste la qualité subtile de cet album nommé Watershed...

Aux yeux de beaucoup de monde, Opeth en a fini, depuis cet album, avec les musiques boisées, les forêt immenses et méphitiques. C'est en quelques sorte vrai, mais si cet album ne se fait pas directement dépositaire de passages exhalant des parfums de noires solitudes, il plane sur tous ces contrastes complexes entre violences rythmiques et orchestrations très douces une ambiance délicieusement mystérieuses. Opeth met d'ailleurs au service de ces passages des instruments à vents (une première pour le groupe) dont les sonorités coulantes et impalpables renforcent leurs vertus folkloriques. Les claviers eux-aussi bénéficient d'une éclatante pertinence quand ils délivrent tantôt des motifs proches du psychédélisme (The Lotus Eater) tantôt des mélodies planantes ou énigmatiques. Ces deux instruments et bien d'autres encore se trouve bien sûr portées par des guitares acoustiques aux mélodies au combien magnifiques...Vous l'aurez compris, les forêts d'Opeth n'ont pas disparues comme certains peuvent le penser mais s'habitent désormais d'un mystère agréable, un floklore rêveur qui a volé à Satan ses terres (contrairement aux thèmes des paroles qui restent sensiblement les même). L'auditeur est ainsi souvent invité entre deux riffs à découvrir une palette de beautés acoustiques jamais encore explorée par le groupe.

Comme précisé précédemment, cet album n'est pas uniquement constitué de passages purement progressifs et laisse pleinement sa place aux violences électriques. Que dire de ces guitares agressives et du chant growl mise à part qu'ils côtoient ou frôlent tous l'excellence ? Il faut bien dire que là, Mickael Åkerfeldt a misé sur presque toutes les idées death à succès du groupe pour en faire une sorte de compilation intelligente et non auto-caricaturale. Il y a par exemple le riff du début de Heir Aparrent dont la rythmique implacable rappelle bien le départ horrifiant de Blackwater Park... Les nombreuses progressions growl/guitares remettent aussi en tête l'intensité qui régnait sur Deliverance. Et bien sûr, le tout foisonne de ces déchirants solos ou ces formidables suites d'accords auxquels nous avaient habitués Still Life et My Arms, Your Hearse. En revanche, de nombreux riffs fiers et alambiqués renouent pour la parfois avec la grandiloquence sombre de Orchid (Hex Omega).

Cet album avait démarré en douceur avec Coil, une ballade légère qui accueillait la voix onctueuse et féminine de Nathalie Lorichs, encore histoire d'habituer les fans à se déshabituer... Un autre morceau est finalement symptomatique, d'une certaine façon, de l'immensité de ce Watershed : Burden. Cette ballade aurait pu être divine si elle avait fait preuve d'un peu moins de surenchère (presque commerciale), elle n'en reste pas moins excellente. Et c'est bien, à mon sens, le morceau faible du disque, un titre qui serait pour de nombreux autres groupes (pas seulement undergrounds) un point d'orgue... La force de cette album réside finalement dans son unité entre death et progressif. Là où le joyaux Still Life jouait sur la dualité entre violence et douceur pour faire exploser son émotivité, Watershed mêle en cœur guitares électriques et flûtes traversières pour faire éclore son mystère.


Rédigé par Luc le 20/05/2014
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