Titre : Unstuck In Time
Groupe : Rick Miller
Sortie : 2020
Label : autoproduction
Format : CD
Genre : Progressif

La chronique

Titres

• The Plague
• State Of Emergency
• Covid Concerto
• Fateful Apparitions
• La Causa
• Lost Continuum
• In Sync With The System
• Broken Clocks
• Unstuck In Time

Formation en 2009

Rick Miller - chant, claviers, Mellotron, guitares, basse
Barry Haggarty - guitare
Kane Miller - violon, guitare
Mateusz Swoboda - violoncelle
Sarah Young - flûte
Will - batterie, percussions

Combien d’albums composés en 2020 évoqueront la pandémie de COVID-19 ? Les musiciens confinés dans leur studio ont eu du temps pour ressasser le sujet, ruminer les décisions gouvernementales et trembler, craignant pour eux et leurs proches. Rick Miller n’a pas été épargné par ce phénomène et après Belief In The Machine paru cette année, il nous livrait un second album à l’automne, Unstuck In Time. Pour parler de ses angoisses, il évoque la grande peste de Londres qui décima au moins soixante-quinze-mille personnes.



Le principal reproche que je fais souvent à Rick Miller, c’est son chant. En réalité, Rick ne chante pas vraiment, il raconte en modulant très peu sa voix. Le point fort de Rick ce sont les guitares dans lesquelles on retrouve le son de David Gilmour et celui de Mark Knopfler. Les compositions, fleurant bon le cinématique, restent plaisantes à écouter mais ne nourrissent pas forcément l’âme, et le risque d’assoupissement est toujours assez élevé.

Cette fois Rick est accompagné de nombreux musiciens, violon, violoncelle, guitares, batterie, percussions et flûtes enrichissent notablement une partition autrefois livrée aux guitares, claviers et programmation. Unstuck In Time sort du lot et des travers de Rick. L’album semble nettement plus habité. Il faut dire que commencer un album en parlant d’une grande épidémie de peste bubonique, cela ne manque pas de puissance évocatrice.

Les mots qu’utilise Rick Miller pour parler de la grande peste de 1602 sont évidemment d’une grande actualité aujourd’hui. Mais rassurez-vous, l’album ne parle pas que de la COVID-19, il aborde des sujets de société comme ceux de l’imaginaire.

De nombreuses histoires et atmosphères se rencontrent : oppressantes avec ‘The Plague’, hispanisantes dans ‘La Causa’, floydiennes pour ‘Fateful Apparitions’, prog symphoniques sur ‘Lost Continuum’ ou encore krautrock électro au début et à la fin de ‘In Sync With The System’. Deux instrumentaux très construits, loin du remplissage cinématique que l’on a connu dans d’autres albums, offrent une pause au récitatif (‘Covid Concerto’ et ‘Lost Continuum’).

‘In Sync With The System’ comme ‘La Causa’ tranchent très nettement avec l’univers que j’associe à Rick Miller, et si ‘La Causa’ surprend mais fonctionne à merveille je suis moins convaincu par ‘In Sync With The System’ encadré de krautrock. Dans une moindre mesure, et par quelques touches, ‘The Plague’, ‘Broken Clocks’ et ‘Unstuck In Time’ dévient du continuum spatio-temporel de Miller, rendant l’album nettement plus intéressant que ses prédécesseurs. Pour ‘The Plague’ ce sont les cloches, les chants grégoriens, le violon et violoncelle, la guitare western à la Gilmour, pour ‘Broken Clocks’ ce sont les violons et violoncelles qui remplacent à merveille d’éventuels claviers, et dans ‘Unstuck In Time’, le grand format de l’album, ce sont ces thèmes enchaînés du voyageur temporel avec même un trop court passage de basse/batterie/guitare funk hors du temps.

La production irréprochable, signée Rick Miller, restitue à merveille le touché acoustique, le grain du violon et violoncelle, le souffle dans la flûte comme le son des guitares électriques. Au casque comme sur des enceintes, le rendu est superbe. Alors pour une fois, je vous recommande ce Rick Miller si vous aimez les atmosphères et les belles guitares.

Rédigé par Jean-Christophe le 20/01/2021