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Otta
Solstafir - Otta
Titre : Otta
Groupe : Solstafir
Sortie : 2014
Label : Season of Mist
Format : CD
Genre : Metal

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Titres

  • Lágnætti
  • Ótta
  • Rismál
  • Dagmál
  • Miðdegi
  • Nón
  • Miðaftann
  • Náttmál

Formation en 1995


Solstafir vient d’une île entre le Vieux Continent et les Amériques, une île de feu et de glace, peuplée de mythes anciens et de sagas familiales. Le style musical du groupe ? Du métal islandais, un savant mélange de violence et de mélancolie, de mélodie et de puissance. Solstafir est unique en son genre et peut difficilement se comparer à une autre formation. Leur musique véhicule des images de lave et de glace bleue, d’immensité, de solitude, comme aucune autre. Le chant de Tyggvasan est apaisant et torturé, le banjo et la guitare de Marius construisent des atmosphères à la fois folk et métal, bref c’est à part. Une petite particularité qui les confine encore sans doute dans une petit niche et amène une touche très exotique, Solstafir chante en islandais. Ça n’est pas pour me déplaire, bien au contraire même si la conséquence première est que je ne comprends rien aux paroles, car non, je ne parle pas l'islandais, ça vous surprend ?

En 2002 il sortaient “In Blood and Spirit”, en 2003 “Masterpiece of Bitterness”, en 2009 “Kold” et en 2011 “Svartir Sandar”, l’album qui les a fait découvrir à une majorité d’entre nous, dont votre humble serviteur. Un double album dont je me suis juré de vous parler, mais faute de temps, je me rattraperai avec “Otta” qui sort chez Season of Mist le 29 août.

Otta est un concept sur le temps, la journée monastique islandaise découpée en huit parties égales de trois heures et qui commence à “Lagneatti” (minuit) et finit à “Nattmal” (21h-0h). Huit titres donc pour cet album dont “Otta” est assurément la pièce majeure.

Parlons son. En attendant que le CD sorte, la chronique a été rédigée avec la version digitale envoyée par le label. La question est de savoir si la numérisation a été sauvage ou bien si le master n’a pas été très soigné, toujours est-il que Otta souffre dans la version dont je dispose d’une qualité sonore médiocre et je loue mes enceinte PC à 40 € qui confondent médiums graves et aiguës et qui m’autorisent une écoute sereine. car sur un casque Grado ou des enceintes Triangle, caramba !!! On fera donc le point quand je m’offrirai le CD, car quand on aime...

Donc vous l’aurez compris, même si le son laisse planer un doute, Otta est un très bon album, même un putain de très bon album. Le genre qu’il faudra sans doute un peu apprivoiser quand même, un peu comme un Gazpacho (ça y est j’ai trouvé une analogie). Mettez-vous au calme, fermez vos mirettes et laissez-vous envoûter par ces notes de piano, cette langue aux consonances rocailleuses, ces slides de guitare, la batterie de Oli qui soudain s’emballe sur “Dagmal”, les violons et chœurs de “Midaftann”. La journée est décrite en musique avec sa fièvre et son apathie. Les mots restent impuissants à traduire les émotions que provoquent chez moi les mélodies et le timbre au vitriol de Triggvason, mais je vais quand même essayer.

“Lagneatti” est une ouverture très solennelle et envoûtante au piano et violon avec des traits de guitare, qui s’emballe quand Oli cogne comme un sourd pendant que les guitares métalliques résonnent étrangement. Si “Lagnaetti” ne vous convainc pas, laissez tomber, Solstafir n’est sans doute pas fait pour vous. Par contre, si vous accrochez ici, vous êtes foutu… Pour du métal, le titre de plus de huit minutes fait figure de très progressif avec sa construction alambiquée, ses flash-backs, breaks et accélérations.

Et puis arrive “Otta”, on entendrait presque les premières lueurs de l’aube sur ce banjo. “Otta” c’est la fin de la nuit, pas encore le jour non plus. Quelque chose semble se mettre en place très lentement, dans le lointain. Un long passage aérien sans rythmique comme un horizon qui attend de s’embraser et soudain tout s’éclaire, les chœurs, la basse, la batterie, les violons, la lumière, quel producteur ne rêverait pas d’une telle musique pour son film ? Magnifique !

“Rismal” c’est un peu avant le café matinal, la tête dans le pâté, à tâtons on cherche le chemin des toilettes pour vomir ou pisser selon… Bref c’est le réveil difficile, car tout le monde ne vit pas “Otta” dans l’euphorie. Manifestement, comme bien des noctambules, Adalbajorn peine avec ce créneau horaire.

Et puis métro boulot, “Dagmal”, rythme trépidant, presque industriel, voix lasse, énervée. Le titre est terriblement simple au regard des deux premiers, basique même, saturé par les guitares. Sur le début de “Middegi”, le chant s'énerve, touchant presque au phrasé punk. Ces deux titres sont, et mes commentaires le soulignent sans nul doute, les deux parties du concept que j’aime le moins, la partie brute de l’album qui aurait pu être plus travaillée au regard du reste.

La fin de la journée de labeur s'amorce avec “Non” où j’entends pour la première fois Suavar se lâcher sur la basse. Après une bonne poussée de testostérone, la douceur s’installe sous la forme de claviers quelques secondes. Calme avant la tempête, un petit coup de mou ? La fin nous ramène dans les titres longs, plus élaborés, comme on les aime avec un brillant final.

On rentre du travail au son du piano et du slide de guitare, “Midaftann”, 18h-21h. J’imagine la voiture sous la pluie dans les embouteillages, il fait déjà nuit, le visage tiré après une grosse journée. “Midaftann” se la joue ballade, avec les chœurs et le piano, les violons, c’est facile mais comme c’est beau et bien vu après ce déferlement de tensions, on mord à l'hameçon.

Il fait nuit, il fait froid, peut-être qu’il neige même maintenant en terre d’Islande, les cheminées fument, les insulaires sont au chaud derrière leur volets. “Nattmal”, la dernière des huit Eykt de la journée, de 21h à 0h, le dernier des titres et le plus long également avec plus de onze minutes. Orgues, guitares, batterie et chant, ni calme, ni explosif, le morceau essaie de décoller mais retombe aussi vite à chaque fois, tiré par la pesanteur jupitérienne de la nuit islandaise.

Otta doit s’écouter comme un concept, sans interruption d’aucune sorte, sinon vous en perdrez la saveur. Il faut aimer le genre, j’en conviens, mais leur musique et le chant sont si atypiques que c’est tout ou rien, Solstafir ne laissera pas indifférent. Avec Otta, le groupe va au delà de leur précédent album. A découvrir et à écouter en live au Grillen à Colmar le 4 novembre 2014.


Rédigé par Jean-Christophe le 22/08/2014
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