Titres
Formation en 2007
Alberto Tocados [bassiste], Alejandro Pérez [batteur], David Lopez [guitariste], Esteban Jimenez Giron [guitariste]
Hola Hombres.
Toundra est un quatuor 100 % madrilène, né en 2007 de la “fusion” des deux groupes, Nacen de las Cenizas, et Ten Minute Man. Depuis 2007, nos musiciens ont été prolifiques, puisque le groupe espagnol en est déjà à son quatrième album en huit années, comme en atteste son numéro titré. Là, au moins, pas de confusion possible, chaque album est numéroté dans l'ordre chronologique de sa sortie. Pour ce quatrième opus, et un nouveau label pour l'occasion (Superball Music), la collaboration avec Chelsea Greene Lewyta, qui avait déjà travaillé sur l'artwork des deux précédents albums, a été reconduite. Ici, l’'atmosphère érotico-macabre qui peut se dégager des œuvres de cette artiste a été mise de côté, la pochette de couverture représentant deux renards aux abois. Le dessin complet de la pochette découvre la raison de l'inquiétude de ces deux renards, obligés de fuir leur habitat en raison d'un feu qui embrase la forêt environnante qui les protège. Nous tenons là le concept de cet album, la métaphore d'une humanité dangereuse qui détruit son environnement sans discernement. Une gageure quand on sait que Toundra ne pose pas de voix sur sa musique, à l'instar de leurs albums précédents.
Toundra joue donc un rock purement instrumental: guitares et batterie suffisent à ces Espagnols pour s'exprimer de façon plutôt réussie. Tout au plus entendrez-vous sur “Viesca” quelques cordes et des trompettes.
Le premier titre, “Strelka”, pose le décor : les oiseaux gazouillent en forêt, au loin un chien aboie. L'introduction, aux guitares seules, est calme et posée. La batterie s'impose petit à petit en plusieurs rafales, la tension et la nervosité augmentent via différents motifs, pour s'arrêter après une période de calme relatif. La machine est sur sa lancée et continue avec “Qarqom”, titre alternant tour à tour les périodes de calme, les motifs plus métal, les rythmes plus pêchus, ainsi que des enchaînements de séquences toujours renouvelées, finissant sur une sorte d'avertissement saturé. Avertissement confirmé avec “Lluvia” (la pluie) qui nous plonge cette fois, dans les ténèbres. La peur est bien là, le danger, personnalisé par un tempo à deux mesures, avance lentement mais inexorablement. J'y ai vu personnellement le danger du feu qui couve, qui avance à pas masqué au niveau du sol, attendant l'embrasement spontané qui fera rougeoyer la forêt. Pas très raccord avec le titre, mais c'est ce que j'ai ressenti dans la musique. Ou peut-être est-ce finalement une tempête ou un orage qui s'avance au loin … Les guitares saturées, entremêlées inextricablement, ajoutent une nouvelle couche d'angoisse, tandis qu’au loin semblent résonner des craquements (des cris ? des plaintes ?) accompagnant le chaos.
Sans transition, “Belenos” et ses croassements de corbeau dans la première minute, renoue avec de nombreuses alternances de rythmes et de motifs, pour finalement annoncer le feu qui crépite, qui est bien là. “Belenos”, métaphore du feu qui couve, rampe, et finit par happer la forêt et ses habitants, ou course poursuite avec les renards qui finissent par se faire rattraper ? Référence aux feux du dieu celtique Belenos, divinité brillante, lumineuse et brûlante ? Chacun y verra ce qu'il souhaite. Je pencherais personnellement pour l'introduction du feu et du danger qu'il représente.
Avec “Viesca”, le feu finit par s'arrêter (s'éloigner ?) tandis que revient le calme distillé par une belle mélodie à deux voix de guitare. Les balais frottés sur la batterie, les cordes (alto et violon selon toute vraisemblance), ainsi que les trompettes, ajoutent une belle couleur chaude à ce titre serein et apaisé. Sommes-nous dans le terrier douillet de nos renards ? Sortis de l'enfer des flammes, à l'abri du danger ? Bien malin qui pourrait le dire. En tout cas, la fin de ce titre nous rappelle encore une fois le danger qui tourne et qui rôde aux alentours. Un clocher sonne sur l'entame de “Kitsune”, le renard en japonais. Avec cette cloche vient le sentiment d'être placé au pied du mur, devant le fait accompli. Réveil ou tocsin ? Là encore la musique est tour à tour reposante avec les guitares qui se répondent, beaucoup plus rapide à la manière d'une course, plus pulsée à la batterie, plus massive quand tous les instruments donnent leur pleine mesure. “MRWING”, titre court, annonce quant à lui une petite éclaircie, une bouffée d'énergie positive, en tout cas une sorte de retour à l'espoir. L'album finit par ce titre “Or Rouge”, en trois parties distinctes, trois rythmes différents qui amènent au final : des oiseaux que l'on entend de nouveau, et nos renards qui ont apparemment trouvé un nouvel endroit feuillu pour se poser.
Quel que soit le ressenti que la musique vous inspirera, Toundra nous démontre en tout cas qu'il n'y a pas besoin d'avoir une armada d'instruments pour mettre en place de belles ambiances. Vous l'aurez sûrement compris, pour moi le secret de la musique de ces Espagnols réside dans le fait qu'ils alternent très bien les moments de tension et de détente, savent changer constamment de constructions mélodiques – toujours différentes – afin de relancer la machine et accrocher ainsi continuellement l'attention de l'auditeur. Vu le nombre de questions restant en suspens dans ce texte, je ne suis pas totalement convaincu que la notion de “concept album” puisse être appliquée pour IV (d'où le terme de gageure employé à dessein plus haut). En tout cas, l'histoire de nos deux renards ne se laisse pas facilement dévoiler, surtout sans paroles. C'est finalement très bien de laisser une part de mystère, d'imagination et d'interprétation à chacun. C'est aussi très bien de ne pas chercher à y voir forcément un sens ou une histoire, et de juste ressentir la musique comme elle vient.
“Or Rouge” ….. Or du feu et des braises rougeoyantes ? Or de la toison chatoyante de nos deux rouquins en migration obligée ? Sûrement un peu des deux.
Le groupe, par le passé, a joué en Espagne dans les grandes villes du pays, ainsi qu'aux festivals majeurs de rock. Ils ont été aussi en tournée en Europe (Allemagne, France, Benelux), ainsi qu'en Russie. En tout cas, pour la France et pour cet album, il y aura une seule date,: le 12 Février prochain, à l'Heretic Club à Bordeaux. A vos agendas !
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