Titres
Formation en 1996
Paolo Fosso [clavier], Jacopo Bigi [violon], Jasper Barendregt [batteur], Colin Edwin [bassiste], Marcello Rosa [violoncelle]
Armonite est aujourd’hui une formation bien différente de celle qui a vu le jour en 1996. Gardez juste en mémoire que le noyau dur du groupe est le duo italien formé de Paolo Fosso, compositeur-arrangeur des titres, et de Jacopo Bigi. Les deux partenaires musicaux, après avoir joué dans plusieurs groupes et avoir sorti leur premier album en 1999 dans leurs années d’études, ont ensuite chacun pris un chemin de vie musical différent : enseignement du violon pour Jacopo, promotion de la musique contemporaine pour Paolo. Le duo a décidé de relancer la machine à composition avec ce nouveau The Sun is New Each Day. Pour cet album international composé à distance, les italiens se sont attaché les services de ‘quelques aventuriers intrépides qui se sont perdus sur leur chemin de retour à la maison’ : Colin Edwin, bassiste de Porcupine Tree - pour autant qu’il soit encore besoin de le rappeler - Jasper Barendregt, batteur hollandais, Marcello Rosa qui fait vibrer son violoncelle sur deux titres, sans oublier un mystérieux Akira, qui a réalisé les vidéos de quelques titres de cet album. A noter que l’album a été masterisé dans les fameux Abbey Road Studios. Un dernier mot enfin sur la pochette originale, dessinée par Cyril Rolando, montrant un tsunami qui vient submerger et emporter des rêves potentiels, symbolisés par différents objets. Cette création est issue du calendrier 2013 créé par l’artiste, intitulé ‘Don’t trash you year’, et comportant douze compositions mensuelles sorties tout droit de l’imagination du graphiste, psychologue dans la vraie vie. Outre ses dessins poétiques aux couleurs vives qui accrochent agréablement l’œil et l’âme, Cyril a pour particularité d’être de la génération de graphistes qui n’utilisent aucun papier ni crayon pour créer ses compositions. Fait assez intéressant pour le souligner, il a aussi mis en ligne des vidéos instructives qui montrent les différentes étapes du processus de création de ses dessins sous Photoshop.
Armonite propose dans cet album une musique éclectique instrumentale dont le fil rouge est le violon alerte et sautillant de Jacopo, qui se découvre tout de suite d’une manière assez décalée, tout en touches rapides de notes assez aiguës, dès le début du premier titre ‘Suitcase War’. Après ce début, la musique devient plus liée, plus rock, pendant que la basse d’Edwin envoie des salves sourdes de notes en formes de projectiles rapprochés. Ce premier titre, par son motif principal, pourra être ressenti comme assez bizarre par certains. Le second titre, moins décalé, avec son introduction plus ‘classique’ et les claviers qui donnent le tempo efficacement, revient dans un registre plus abordable. Le violon continue de sautiller, et je me prends à penser dès ce second titre qu’il faut aimer la sonorité aiguë et particulière du violon électrique. Moi qui aime particulièrement le violon classique et ses envolées lyriques, j’ai franchement un peu de mal. ‘G as in Gears’, titre original avec son motif cristallin, sa mélodie de boîte à musique sur un fond choral, qui fait penser à un conte pour enfants, sa petite guirlande de cloches, son interlude jazzy, et son texte parlé (un extrait de discours de Samuel Gompers, syndicaliste américain de la fin du 19e siècle), est une fraîche surprise.
La tempête de sable qui vient ensuite vous emmène directement au Maghreb. Vous vous imaginerez assis à admirer une danse du ventre, ou bien à déambuler dans un souk, pendant que le muezzin appele de ses ‘Allahu Akbar’ les fidèles à la prière quotidienne. Et j’imagine les séquences arabisantes de la fin du titre provenant d’un vinyle 33 tours passé en 78 tours. Le changement d’ambiance est radical sur le titre suivant, ‘Slippery Slope’, qui commence avec des sonorités de musique contemporaine : piano minimal, violon sur une pente glissante de corde encore une fois très aiguë. Ça chuinte, ça glisse, les cordes sont très très hautes, il faut vraiment aimer. En tout cas le titre de ce morceau mérite bien son nom. Le violon reprend bien des sonorités mélodiques un peu plus graves au milieu du titre, mais l’impression de glissade perpétuelle et de résistance à toute tentative de cadrage mélodique reprend rapidement et reste l’impression majeure de ce titre. Avec ‘Satellites’, on reprend les notes sautillantes ainsi que les notes débitées en grappes rapides au violon, dont plusieurs pistes ont apparemment été enregistrées et agrégées. A noter un beau passage mélodique et calme, un solo de claviers, et un piano qui conclut ce titre en forme de pirouette classique que l’on aurait pu entendre joué au clavecin dans le salon d’un grand roi de France.
On garde ce style sautillant et rapide de grappes de notes, que rallient aussi les claviers, avec les hommes en complet veston gris (‘Die Grauen Herren’), en référence au roman Momo de Michael Ende, et qui parle de voleurs du temps. Stressés, courant constamment après la montre, ces hommes gris provoquent le rire satanique d’un sympathique géant débonnaire sorti tout droit d’un jeu vidéo de flipper. Le titre suivant, ‘Le temps qui fait ta rose’ change du tout au tout, avec un piano romantique. Ce titre fait référence au Petit Prince de Saint Exupéry et à l’explication du renard concernant l’amitié : ‘C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante’. C’est quand le violon intervient que cela se gâte. Les notes jouées sonnent beaucoup trop artificielles. Le titre est calme, en intériorité, la mélodie bien sentie, romantique à souhait, mais rien à faire ça ne prend pas. Je suis sûrement peut-être un peu élitiste en ce qui concerne le violon - je craque toujours à ses chaudes sonorités - mais là ça ne me touche vraiment pas. Dommage. Et le titre aurait pu être un peu mieux tourné, mais bon on ne va pas leur en tenir rigueur. A noter la vidéo correspondante, tout en animation de sable sur plaque de verre, technique originale pour raconter une histoire et provoquer de l’émotion.
Avec le titre suivant, dont il n’est pas besoin de remettre une pièce pour continuer à entendre l’album, on se plonge dans l’univers des jeux video. Qui ne se souvient pas du fameux ‘Insert Coin’ inscrit sur les bornes des jeux vidéo des années 80 ? A ce stade je serais tenté de dire que l’idée d’intégrer des jingles et sonorités de jeux vidéo dans un morceau de musique commence à devenir un peu galvaudée. D’autres ont eu l’idée bien avant Armonite, et ceci depuis quelques années maintenant. Il semble finalement qu’au travers de ce titre au tempo assez rapide encore une fois, mix électro-sons de jeux vidéo-violon électrique, le duo se soit juste fait plaisir et ait fait un petit flashback, Paolo étant fan de jeux vidéo et de cinéma. A l’image du marsupilami sautillant de la bédé, qui est sympathique et amusant au départ, mais qui finit rapidement par taper sur le système, le violon commence maintenant sérieusement à m’agacer. Pour les inconditionnels, un petit coup d’œil à la vidéo correspondante permettra de mieux comprendre la musique. Vous aurez un bon historique des jeux vidéo parus de 1971 à 1994.
Le dernier titre me fait définitivement décrocher. Le violon s’est transformé en moustique dont la présence vient se rappeler avec agacement à mes oreilles. Ici les deux italiens se font de nouveau plaisir en reprenant un titre du film (culte) ‘L’histoire sans fin’, d’où cette première impression de refrain d’émission des années 80 du type Champs-Elysées, que je comprends maintenant mieux.
Un violon électrique très présent, des titres éclectiques qui balaient les différentes passions du duo italien, un petit flashback aux années 80, et des musiciens qui se sont fait plaisir sur ces titres courts rassemblant 35 minutes de musique que vous pouvez librement télécharger sur leur site. C’est original, amusant, mais vous l’aurez compris, essentiellement à cause de ce violon électrique, je ne le ferai pas tourner en boucle. Pour moi un petit divertissement original dont je n’abuserai pas.
Facebook: https://www.facebook.com/pages/Armonite/375012772574516
Vidéo :