Titres
Formation en 2006
Marek Arnold [clavier,saxophone], Lars Kohler [chanteur], Anne Trautmann [chanteur], Ulf Reinhardt [batteur]
Le point de départ de Fetish, le nouvel album de Seven Steps To The Green Door, c’est un homme qui se perd dans une addiction misérable...
Oui, nous allons encore parler de la scène progressive allemande. Certains diront que Neoprog tient ses quartiers trop près de la frontière, d’autres se souviendront que le plus grand festival de rock progressif se déroule tous les ans à la Loreley, donc en Allemagne.
Le label Progressive Promotion Records contribue beaucoup à mettre en avant le prog germanique et ce n’est n’est pas moi qui vais m’en plaindre. Seven Steps To The Green Door fut une magnifique découverte, des artistes talentueux que l’on retrouve sur Flaming Row, Toxic Smile, UPF et qui, dans cette formation, dévoilent une autre facette de leur musique. Je me souviens d’un aller-retour épique à Russelsheim, juste pour les écouter alors qu’ils jouaient en première partie de Overhead.
Seven Steps To The Green Door, ce sont officiellement cinq musiciens mais quand ils montent sur la petite scène du Das Rind, on s'aperçoit alors qu’ils sont bien plus nombreux. Leur force ? Un rock progressif atypique, parfois léger et de magnifiques harmonies vocales. La guitare ébouriffante de Martin, les claviers et saxo de Marek, la batterie de Ulf et les voix de Lars et d’Anne plus un nombre indécent d’invités font, une fois encore, de ce dernier album, un petit bijou.
Fetish, ce sont huit morceaux de plus de sept minutes et une courte mise en bouche (sans jeu de mot) de quarante secondes. L’album s’achève sur une pièce épique dépassant le quart d’heure, voila qui devrait ravir les amateurs de prog. Sur Fetish, le ton est plus sérieux que sur les précédents albums du groupe, la musique vise plus la cohérence que le grand n’importe quoi génial auquel ils nous avaient habitués auparavant. L’expérience acquise avec le dernier Flaming Row et le passage de Marek chez UPF n’y est sans doute pas étranger. Le groupe ne perd rien de son style, au contraire il s’affine et ça n’en est que meilleur à écouter.
Fetish parle des addictions, de notre société, du vice et de la surconsommation médiatique dont nous sommes gavés, nous lecteurs de webzines et membres de réseau sociaux. Sans se vouloir moralisateur, Seven Steps To The Green Door met en musique des scènes de la vie courante avec une grande acuité et force d’instruments. Autant sur les précédents albums, les morceaux, pouvaient être parfois inégaux, autant sur Fetish, il n’y a rien à jeter. Le disque est génial de la première seconde à la dernière. L’arrivée de Martin Schnella n’est sans doute pas innocente à cette progression, son jeu de basse et de guitare plus métal et virtuose, apporte beaucoup à la formation. Le côté acoustique est mis entre parenthèse, privilégiant un son plus rock et une musique moins fantaisiste.
Un canon avec Mélanie au chant débute et conclue l’histoire. Les voix laissent place au titre le plus original de l’album, ‘PORN!’, composé de sections mélodiques et de passages instrumentaux où claviers, basse, guitares et saxophone s’aventurent sur un terrain peu conventionnel.
Des harmonies vocales lancent ‘Still Searching’, une pièce dans l’esprit du groupe américain Izz. Martin s’éclate à la guitare, frisant un jeu funky alors que Marek ressort des sons de claviers préhistoriques. Au coeur du titre, des voix à capela offrent un break remarquable avant de repartir pour cinq minutes réellement magnifiques.
‘Inferior’, entre basse métal, rythmiques brésiliennes et choeurs pourrait être comparé au rock éclectique de Profusion. Autour d’un refrain très classique, le groupe construit une musique complexe et facile à écouter en même temps, un joli tour de force.
Dans ‘Imprisoned’ vous sentirez sans doute comme un air de Ayreon ou de Flaming Row, le côté métal du chant de Lars, des choeurs et l’écriture, tout y est. Des bruitages urbains et percussions nous guident vers un instrumental métal industriel qui se conclut sur une sublime section vocale aérienne.
‘Bound In Chains’ met du temps à nous surprendre. Il mélange alors des lignes droites et des dérapages contrôlés, juste ce qu’il faut au bon moment pour rester captivé. Le titre n’est cependant pas aussi fort que les précédents.
La relation conflictuelle parent enfant est au coeur de ‘Last Lullaby’, traitée de façon opéra progressif. Alicia et Lars se répondent , la fille qui espère vainement que son père ait changé et lui laissera enfin vivre sa vie.
Après une longue ouverture, ‘Set In Motiion’ laisse la part belle au piano et saxophone ainsi qu’au chant. L’ambiance est ici assez différente avec de nombreux rebondissements vocaux et instrumentaux. Et puis vient ‘Ordinary Maniac’ (mon portrait craché), le titre fleuve de Fetish qui remplit le CD au maximum. Pour changer, c’est en acoustique que commence le marathon. Le métal progressif ne tarde pas à s’imposer avec de grandes sections instrumentales où Marek et Martin s’en donnent à coeur joie, pleines de petites bizarreries qui sont la marque de fabrique du groupe.
Fetish est incontestablement le meilleur album de Seven Steps To The Green Door. Sans perdre l’originalité qui fait le charme de leur musique, le groupe a gagné en maturité pour nous livrer des titres cohérents et forts qui ne peuvent laisser indifférent. Vivement septembre, que nous les revoyons sur scène au Progressive Promotion Festival !
Vidéo :