Titres
Formation en 2001
Dissolution en 2016
Beardfish fait une entrée fracassante dans Neoprog avec son mammouth. Le groupe pourtant bien connu du public progressif n’avait pas eu pour l’instant les honneurs de nos colonnes, ne les ayant entendus qu’une fois sur scène et ne possédant, jusqu’il y a peu, aucune galette de ces artistes. Ceci dit, est-ce qu’un seul CD peut être représentatif de ces Suédois qui sévissent depuis treize années maintenant ? Avec sept albums studios à leur actif dont Mammoth qui est l’avant-dernier (2011), ils ont exploré bien des choses et sur The Void (2012), il n’ont pas eu peur de se radicaliser, quitte à s’aliéner une partie de leur public.
Mammoth, le sixième, est ancré dans un son 70’s avec beaucoup d’orgue, un air de Bigelf en plus sage quoique. Leur musique est donc une sorte de rétro-prog qui en possède les sonorités mais pas forcément les constructions usuelles. L’album contient une pièce épique de plus d’un quart d’heure, “And the Stone Said”, deux instrumentaux “Outside/Inside” et “AKAKABOTU” et cinq autres morceaux de quatre à huit minutes.
Le son a été travaillé pour ne pas être “trop propre”, lui donnant un rendu vinyle. Il manque cependant d’amplitude et de profondeur ce qui est regrettable quand on sait ce qu’il est possible d’obtenir de nos jours avec une ambiance 70’s en un bon enregistrement.
King Crimson, Genesis, Beatles, Bigelf, Flower Kings, Transatlantic, les références sont ici innombrables, plus par des sonorités que par des emprunts ou thèmes. La rythmique est une composante prépondérante dans l’album avec une batterie énergique et sèche qui contrecarre une basse plutôt ronde et généreuse. Les claviers vintage s’effacent de temps à autre pour brutalement revenir au premier plan, presque par surprise, au gré de changements de tempo innombrables. La guitare, elle aussi, joue cette partition de manière plus discrète sauf sur quelques soli brillants. Un saxophone s’invite sur “And The Stone Said ‘If I Could Speak’”, c’est celui de Johan Holm, vous entendrez également une grosse voix sur le même titre, celle de Jimmy Zackrisson.
Il va sans dire que c’est ce second titre qui fait la beauté de l’album, ne nous mentons pas, cette pièce est magistrale, faisant rapidement oublier le premier morceau pourtant intéressant, “The Plateform”.
“Tightrope” est la touche de légèreté qui arrive à point, un texte que j’aime également beaucoup et qui change de la ligne générale, bref un bol d’air frais avant de replonger dans du lourd avec “Green Waves”.
“AKAKABOTU”, le second instrumental de Mommoth nous éloigne des 70’s pour aller dîner chez les gourmets fusionnels, clairement la perle que l’on ne s’attendait pas à entendre après les quatre premiers morceaux si nous passons sous silence “Outside/Inside” qui lui aussi, est un OVNI à sa manière avec son piano presque classique.
Le dernier titre flirte plus avec la fin des sixties, un petit air rafraîchissant des Beatles, un ton qui se veut plus léger sans l’être totalement.
L’album, malgré une forte composante rétro-prog, est relativement varié, bien équilibré. Il pêche par un son perfectible, c’est certain, qui aurait pu donner plus de relief à la musique déjà dantesque. Je retiens “And The Stone Said ‘If I Could Speak’”, “Tightrope” et l’improbable “AKKABOTU” qui sortent du lot. Le CD vient avec un DVD dont je vous livre un extrait ici. A posséder dans sa discographie.