Titres
Formation en 2015
Alain Proulx [chanteur,guitariste,bassiste,clavier,batteur,percussions], Serge Doucet [guitariste], C. Lucas Proulx [chanteur]
Cirkus nous vient de la belle province et plus précisément de Trois-Rivières située dans les basses-terres du Saint-Laurent, à la confluence du Saint-Maurice avec le fleuve Saint-Laurent. Au sud-ouest de la ville se trouve le lac Saint-Pierre, reconnu comme site Ramsar (convention internationale par laquelle les signataires s’engagent à préserver les zones humides de leur territoire) et réserve mondiale de biosphère. Superbe région aux hivers rigoureux contrebalancés par une magnifique chaleur humaine et le sens de l’accueil unique des québécois ; dans ce cadre particulier, je me disais que ce groupe devait faire étalage d’une grande joie de vivre, mes premières écoutes ont été pour moi comme une douche froide, en me prenant dans une gangue musicale épaisse et oppressante où l’optimisme ne semble pas de rigueur !
Il est vrai que leur premier album, Wild Dogs, double album de deux heures vingt devrais-je dire, abordait un thème qui n’était pas des plus réjouissant ; deux chiens sauvages représentant le bien et le mal s’entredéchirent dans un combat que nous attisons goulûment par la dualité qui est en chacun de nous ; Voodooland est de la même veine, il y est beaucoup question de la fin des temps, de changement climatique que nous auto-alimentons, de notre propension aveugle à nous replier sur nous-mêmes ou encore la destruction de nos châteaux de sable. Quel dieu éveillera notre conscience ? «Les cloches sonnent, les sirènes retentissent dans la nuit. La terre est en feu, nous arrivons trop tard. Réveillez-vous mon fils, il n’y a plus de temps à perdre. Il n’y a plus de navires sur la mer, les vagues les ont tous inondés ».
Vous l’avez compris le climat est lourd, renforcé par un chant grave et remplissant l’espace déjà bien saturé par des claviers omniprésents ; mes titres préférés sont ‘Sidewalk Steam’ et son début tout en nuance, son chant apaisé, ses interventions de guitares, trop peu utilisées dans l’album à mon humble avis, et une belle relance médiane ; ‘Sand Castle’, un peu sur le même modèle, avec un chant plus expressif et un tantinet Genesisien première période ; ‘Like A God’ à l’atmosphère moins chargé, j’ose dire rafraîchissant, et ‘Masterlord’, le titre le plus progressif avec de belles trouvailles, un superbe travail sur les percussions, des changements de rythme salvateurs, son piano apaisant, sans conteste le titre le plus ambitieux de Voodooland.
Bon pour un Cirkus, point de fanfare entraînante, mais plutôt une arène où les jeux du cirque règnent en maître.
Digérer un tel album n’est pas chose facile, l’autoproduction est limite, le chant dérape parfois, les refrains sont… répétitifs, faisant s’étirer des titres qui mériteraient de connaître plus d’électrochocs pour captiver notre attention. Et pourtant la passion et les idées sont là ; à chacun de se faire son opinion.