Titres
Robin Armstrong [clavier]
Invités :
Kyle Fenton - batterie
Rachael Hawnt - chant
Matt Stevens - solo de guitare
Rachel Hall - violon
David Allan - narration
A quoi rêve un épouvantail ?
Robin semble avoir délaissé Wilson au profit de Gilmour. Avec Rachael Hawnt à ses côtés au chant, Robin Armstrong nous propose six morceaux où il joue de tous les instruments, sauf de la batterie qu’il a confiée à Kyle Fenton. Nous trouvons également Matt Stevens à la guitare dans ‘Trouble In The Forest’ et le violon de Rachel Hall dans ‘Hay-Man’. Pas de Nick D’Virgilio, de Nick Beggs, de Colin Edwin, de Dave Meros ni de Andy Tillison cette fois en invité mais toujours une atmosphère à la frontière de la mélancolie qui tient au chant d’Armstrong comme à sa musique.
Deux récits se confondent dans Hay-Man Dreams. Celui de l’épouvantail, qui, planté dans le champ, regarde pousser le maïs, passer les saisons, rêvant d’être un homme. Et celui d’un fermier qui devient un épouvantail. Dans Cosmograf, les textes ne sont jamais explicites. Robin use de métaphores pour raconter ses histoires. Celle-ci se révèle toutefois aisée à comprendre. En parcourant le livret, nous découvrons assez vite que cet épouvantail (‘Tethered and Bound’) qui regarde passer les saisons, surveille les moissons, assiste impuissant aux méfaits de l’homme (‘Trouble In The Forest’), qui rêve de s’évader, de rouler sur le ruban argenté (‘The Motorway’) est lié à ce garde forestier retrouvé mort sur le bord de la route (‘Melancholy Of A Gamekeeper’). Robin évoque ici son grand-père paternel, garde forestier et ouvrier agricole, décédé très jeune, laissant derrière lui une femme et des enfants. Dans le récit, l’épouse construit alors un épouvantail à l’image de son mari disparu pour honorer sa mémoire. L’âme du défunt revit dans ce mannequin de paille et de chiffon, poursuivant dans l’autre monde sa tâche de garde forestier.
The Hay-Man Dreams n’est pas un pur produit du progressif. Si Robin revient à des influences floydiennes, il laisse flotter ses notes mélancoliques sur de nombreuses pièces usant de piano et guitares pour construire ses atmosphères. Nous retrouverons encore un peu de la forme wilsonienne dans le duo piano/guitare de ‘Trouble In The Forest’ et sur un solo de Matt Stevens. Sur les quarante-cinq minutes que compte l’album, deux morceaux m’interpellent particulièrement : ‘The Motorway’ qui joue dans la plus pure veine progressive des seventies, d’abord lent et qui va crescendo pour culminer à la fin sur une écriture très rock à la façon d’un véhicule qui s’élance sur l’asphalte. Et puis il y a ‘Hay-Man’ chanté par Rachael Hawnt. Une pièce de près de treize minutes en huit parties: Rachael au chant, un long solo de guitare suivi de la narration de David Allan : “All winter through I bow my head…”, un texte tiré du poème The Sacrecrow de Walter De La Mare, puis une guitare à la Mark Knopfler et les voix de Rachael et Robin, très floydiennes, le tout s’achevant sur un instrumental guitare/basse wilsonien agrémenté du violon de Rachel et la voix de Robin qui conclut “Hay man tell me what you fell”.
D’abord envoûté par les mélodies de The Hay-Man Dreams, j’ai porté peu d'intérêt aux paroles avant d’ouvrir le livret pour contempler ses panoramas bucoliques et lire les mots de Robin Armstrong. Une fois encore, l’artiste nous convie à une de ses histoires. Pour ce nouvel album, il a puisé dans sa mythologie familiale, honorant la mémoire d’un grand-père qu’il n’a jamais connu. Un magnifique et mélancolique hommage musical.
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