Titres
Mince ! Encore du rétro prog, me suis-je dit… Vous vous souvenez de ce groupe allemand qui mit trois décennies à sortir son premier album Blue ? Oui Eyesberg. Il leur aura fallu nettement moins de temps pour composer et enregistrer leur second, Masquerade.
Prenez un chant à la Nad Sylvan et un son progressif digne de Genesis et vous aurez une petite idée de leur nouveau bébé. Si Blue m’avait laissé sur ma faim, Masquerade va faire regretter à Steve Hackett de ne pas avoir participé au projet. Même si Phil fait son come back, pourquoi attendre une hypothétique reformation de Genesis pour se faire du bien, surtout quand le matériel proposé est nouveau, épaulé par des sons éprouvés dans les années soixante dix ?
Je connais un gars qui se posait la question, à propos de Fatal Fusion, de l’intéret du rétro prog. Ce n’était pas moi, impossible ! Quand vous aurez écouté les claviers de Norbert, la guitare de Georg, la batterie de Jimmy et le chant de Malcom, vous comprendrez qu’il y a du rétro prog qui s’écoute goulûment.
Nous aurions pu nous attendre à un concept album vu la musique jouée. En fait il n’en est rien. Masquerade aborde des sujets variés, les réfugiés, les médias sociaux, la solitude, la vengeance, les occasions manquées... Des textes accessibles même aux anglophobes avec, à chaque fois, un court chapeau qui explique la chanson.
L’entrée en matière, hard rock 70’s, m’a pris de court, ayant encore en mémoire leur premier album Blue. Un son fabuleux pour cette ouverture à la Transatlantic où les orgues de Norbert rugissent comme du Deep Purple. “Is the joke on you when there’s no one there to hear your laughter.”. La solitude évoquée sous les sublimes assauts de la guitare de Georg cède la parole aux réfugiés. ‘Come and take a look at my life’ où la guitare classique de Foxtrot côtoie des sons plus modernes quand la voix de Malcom flirte avec elle de Nad. Le néo progressif prend la relève pour nous parler des médias sociaux, ‘Faceless’ dans lequel, Oliver, le patron du label, joue des percussions. Un titre plus contemporain que les précédents qui revient vers une écriture à la Genesis et une guitare à la Steve Hackett à la troisième minute en nous faisant réfléchir sur notre addiction au smartphone. Si vous n’étiez pas encore convaincu que Eyesberg ressemblait à du Genesis, ‘Here And Now’ devrait le faire. Les sons semblent tirés de Wind & Wuthering avec un chant à la Arena. Des paroles qui parlent des conséquences irrévocables de certaines décisions. Le titre laisse place à l’unique instrumental de l’album, six minutes vives où guitares, claviers et batterie mélangent des sonorités couvrant trois décennies de progressif et où vous pourrez apprécier le jeu très Collins de Jimmy Keegan. “La vengeance est un plat qui se mange froid” dit-on, ‘Steal Your Thunder’ va contredire l’adage. Une balade progressive ou guitares et claviers font merveille. Restent dix huit minutes pour un ‘Wait and See’ épique en cinq parties. Qui n’a pas rêvé de revenir en arrière, de corriger ses erreurs passées ? Le titre, très ambitieux, est mené avec brio du début jusqu’à sa conclusion, nous immergeant dans un prog riche en tonalités, entre Deep Purple et Genesis.
Un fossé sépare l’inégal Blue et le puissant Masquerade. Eyesberg, en deux années, a affirmé son style, affiné le son et le chant, et il faudrait être bien mal luné pour ne pas apprécier ce magnifique cadeau qu’ils nous offrent cette fois. Même si leur écriture n’est pas forcément originale, le plaisir est total.
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