Titres
Formation en 1974
Phil Ehart [batteur], Billy Greer [chanteur,bassiste], David Manion [clavier], Ronnie Platt [chanteur], Zak Rizvi [guitariste], Richard Williams [guitariste]
Point of Know Return portait bien son nom. Et pour cause, cela fait longtemps que Kansas nage en pleine nostalgie. D’autres albums sont bien sortis depuis 1975 mais ce ne sont pas ceux que l’on retrouve sur scène. Il est frappant de constater que seuls 5 disques sur 15 (les 5 premiers) ont servi à constituer les setlists live de ces dernières années. Leftoverture Live and Beyond fait-il exception à la règle? Que nenni ! Seuls trois des dix-neuf titres sont là pour représenter The Prelude Implicit, leur dernier opus sorti en 2016. Est-ce toutefois une raison valable pour bouder son plaisir, lorsqu’on ne possède comme moi, aucun live de Kansas? Certes non.
Premièrement parce que cet album dispose de tout ce que l’on est en droit d’attendre d’un live: des morceaux cultes, des hits commerciaux (‘Carry On Wayward Son’, ‘Dust in The Wind’, ‘Portrait’) jusqu’aux pièces purement progressives (‘Magnum Opus’, ‘Journey from Mariabronn’, ‘Lamplight Symphony’, ‘Miracle out of Nowhere’), des musiciens en forme et une certaine intelligence dans le mixage. Seul bémol, l’absence de figures emblématiques. Envolés les Kerry Livgren, Steve Walsh et autres Robbie Steinhardt. Il y a bien le batteur Phil Ehart et le guitaristes Rick Williams, mais on me permettra d’avancer qu’il ne s’agit pas vraiment du coeur créatif de Kansas.
L’absence de tels leaders a toutefois l’avantage de laisser entrer un peu d’air dans les habitudes du groupe. En effet, l’arrivée de nouveaux musiciens, principalement courant 2014, a dépoussiéré le vieux Kansas d’une manière tout à fait surprenante. Je pense notamment à Ronnie Platt qui se permet d’utiliser un léger vocodeur sur ‘Portrait’, ‘Point of Know Return’ ou ‘What’s on my Mind’. Culot ou barbarisme, peu importe, le résultat n’en est que plus rafraîchissant. Le violoniste David Ragsdale et le claviériste David Manion, qui s’adonnent ça et là à quelques improvisations, ne sont pas en reste eux aussi. Parfois même les vieux de la vieille s’y mettent. Phil Ehart et Rick Williams ont si bien réarrangé leurs anciennes parties qu’ils arrivent parfois à ressusciter des passage cultes (l’outro de ’Miracle out of Nowhere’, le solo de ‘Portrait’ et j’en passe…). Ronnie Platt quant à lui, s’impose définitivement grâce à sa voix à la fois proche et décalée de celle de Livgren. A texture vocale similaire, il se démarque par un grain de voix plus marqué qu’il ne se prive pas de mettre en valeur. Pour toutes ces raisons, on peut considérer Leftoverture Live and Beyond comme un disque à la fois fidèle et rafraîchissant. La virtuosité et la complémentarité des musiciens en présence offre comme une seconde jeunesse à l’oeuvre de Kansas sans toutefois la dénaturer.
On doit également au mixage une mise en forme intelligente de tous ces efforts. Par exemple, le violon de Ragsdale acquiert ici toute son épaisseur. Alors même qu’il sonnait un peu “étriqué” sur les disques studios, il retrouve sa place centrale sur des morceaux tels que ‘The Wall’ , ‘Journey from Mariabronn’ ou ‘Icarus’. Du reste, le mixage est efficace car il est attentif aux dynamiques particulières de chaque morceau, n’hésitant pas à gonfler les basses ou à valoriser tel ou tel instrument quand le besoin s’en fait sentir. L’Arena Rock de Kansas bénéficie plus particulièrement de la rondeur des guitares et de l’épaisseur de la section rythmique.
Le plus grand mérite de ce live reste toutefois sa capacité à garder intacte l’identité de chaque morceau. En effet, dans la mesure où tous les titres sont mis au même plan, joués à la suite, on pourrait s’attendre à un ensemble homogène. La plupart des morceaux conservent pourtant leur cachet individuel. L’exemple le plus frappant est surement celui de ‘The Wall’ qui combine la propreté du studio et l’énergie du live.
Le lecteur averti se demandera sûrement quel besoin aura poussé le chroniqueur a encenser un live comme Leftoverture Live and Beyond. Après tout, on ne saurait raisonnablement le comparer à Seconds Out ou aux Yessongs, et ce malgré ses qualités évidentes. Il n’est ni le premier, ni le dernier live de Kansas… Pourtant, l’Arena Rock de Kansas s’adapte beaucoup mieux à la scène que le rock progressif classique. Jouant de passages accrocheurs sans pour autant dénigrer une certaine complexité musicale, c’est peut-être son ambivalence qui le rend si propice au live; situation qui, par définition, n’admet que l’à-peu-près.
Facebook : https://www.facebook.com/KansasBand
Vidéo :