Titres
Formation en 2011
Antony Kalugin [chanteur,guitariste,clavier], Max Velychko [guitariste], Olha Rostovska [chanteur], Kostya Shepelenko [batteur], Oleg Prokhorov [bassiste]
Invités – participants :
Max Velychko : guitares
Sergiy Balalayev : batterie
Ivan Rubanchuk: batterie
Kostya Shepelenko : batterie
Oleg Prokhorov : basse
Kostya Ionenko : basse
Olha Rostovska : claviers, voix
Sergii Kovalov : accordéon, voix
Maria Baranovska : violon
Alexandre Pastuchov : basson
Roman Gorielov : voix
Oleg Pashkovskiy : piano
Lesya Kofanova : flute
Michail Sidorenko : saxophone
Olga Vodolazhska : baton de pluie, shakers, triangle
A chaque nouvel album de Karfagen, c'est toujours une nouvelle surprise d'écouter le résultat des idées sorties tout droit de l'imagination fertile de l'ukrainien Antony Kalugin. En tout cas une chose est sûre, c'est que celui-ci arrive constamment à composer des albums ayant leur monde propre, et Spektra ne déroge pas à la règle. Sorti en Novembre dernier, Spektra est une trilogie en trois 'phases' composée de nombreux et courts titres totalisant une bonne heure de musique. Avec ce dernier album, nous retournons une nouvelle fois dans un monde totalement imaginaire et intemporel, dans une sorte de triangle des Bermudes où les quatre éléments se combinent avec les dieux de la mythologie.
Pour Spektra, Antony a assemblé du matériel composé entre 2011 et 2016. Difficile de caractériser la musique composée par l'ukrainien tellement elle est débridée et multiforme. Les habitués des précédents albums de Karfagen ne seront pas surpris outre mesure. Le multi-instrumentiste, qui sait triturer ses claviers pour en sortir une multitude d'ambiances et de sonorités différentes, s'abreuve encore une fois à toutes les influences qu'il a depuis longtemps intégrées et qu'il ressort au gré de son inspiration.
Alors c'est parti pour un petit essai de Karfagenologie où l'on retrouve bien sûr les compères habituels de notre touche-à-tout ukrainien (Olha, Olga, Max, Kostya et Oleg). Il y a donc bien sûr le classique trio guitares-batterie-claviers, avec une prépondérance pour les nombreuses sonorités de claviers qui me font majoritairement penser aux années 70 et 80. Certains trouveront ces sons trop vintage, sûrement un peu trop kitsch à certains moments, c'est le jeu. Sur cette base se greffent de nombreux instruments, tels que l'accordéon traditionnel russe déjà présent dans les précédents opus, le violon, le basson, la flûte, le saxophone. La troisième couche est composée d'éléments hétéroclites tels que des machineries complexes qui se déglinguent, une créature étrange qui barrit, un rotor d'hélicoptère, quelques pitreries électroniques, j'en passe et des meilleures. On retrouve en fait ici la patte de Karfagen qui avait déjà fait mouche lors du joyeux bazar animal de Magician's Theater.
'Zeus' et 'Aurora' sont de bons exemples de l'éclectisme musical qui règne encore une fois dans cet album. Aurora commence très doucement avec un basson et un motif à trois notes épaulé par une voix céleste, reprise et accompagnée par l'accordéon et la guitare. Un rythme plus appuyé se met rapidement en place avec l'aide de la guitare électrique, avant que tout s'arrête et que la belle machine se déglingue progressivement : une sorte de R2-D2 à l'agonie, des claviers qui se distordent, un accordéon qui pousse de gros soupirs, une guitare qui sature, quelques mots latins de 'Terra incognita', et le basson qui remet finalement un peu d'ordre dans toute cette cacophonie et cette perte de souffle. Le titre se poursuit avec deux nouveaux rebondissements, avant que le duo guitare/batterie ne reprenne la main pour le final enlevé et la conclusion aux cymbales.
Impossible de passer au crible toutes les séquences musicales. Au rayon des références, j'ai entendu un violon me rappelant le corbeau de Mister Wilson, une guitare aux accents oldfieldiens, une basse à la Subway. Vous trouverez dans cet album essentiellement instrumental une foultitude d'ambiances et d'atmosphères différentes. Citons au hasard une guitare sèche jouant de nombreux harmoniques reposants ('Homonymous'), un titre décalé et loufoque de chœurs cosaques balançant quelques expressions latines sans aucun rapport entre elles, entrecoupés d'une danse folk sur violon et tambour militaire, d'une zébrure métallique de guitare qui voudrait s'imposer, d'une petite fanfare ('Terra Incognita'), de quelques petits passages orientalisants saupoudrés de-ci de-là, ainsi que deux titres romantiques, 'Natural Charm' et son piano tranquille accompagné à la flûte et au saxo à la conclusion, et 'Juggler and The Cloud' débutant un peu à la Yann Thiersen, titre apaisant, au bord de la plage, sous la voûte étoilée.
Avec tous ces éléments énumérés pêle-mêle cet album peut sembler sûrement très hétéroclite. Il y a paradoxalement dans cet éclectisme un fil conducteur invisible non identifiable que j'aime. Je trouve cela rafraîchissant, voilà. Sûrement très old school dans certains passages, mais rafraîchissant. Si vous appréciez Karfagen, cet album est dans la droite lignée des précédents. Pour les autres, écoutez et faites-vous encore une fois votre opinion. Nul doute que le prochain album contiendra des idées déjà sorties du cerveau fertile et débordant de l'Ukrainien, tel un torrent inextinguible déversant ses eaux dans de vivants remous.
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