Titres
Yann Ligner [chanteur], Guillaume Bernard [guitariste], Aldrick Guadagnino [guitariste], Florent Marcadet [batteur], Jean Etienne Maillard [bassiste], Matthieu Metzger [clavier,saxophone]
Embarquons pour le grand voyage au son de l’orage, de la guitare de Guillaume et de la voix de Yann. Après plusieurs années en acoustique aux quatre coins de l’hexagone, le groupe de Poitiers nous revient en électrique avec un album dans la continuité de Here Comes The Sun, fort d’une nouvelle expérience musicale au plus proche du public.
Le Grand Voyage nous entraîne dans de vastes étendues sauvages, neuf morceaux plus longs que d'accoutumée, laissant respirer chaque note, épurés des arrangements par trop élaborés du précédent album électrique. Klone signe chez Kscope, revient sur la grande scène du HellFest, promet une tournée en dehors de nos frontières et nous touche avec ses mélodies qui se dégusteraient aussi bien en acoustique.
‘Summertime’ lance un pont idéal vers ‘Yonder’, comme si Le Grand Voyage n’était qu’une continuation naturelle de Here Comes The Sun alors que quatre années les séparent.
Klone ce sont ces guitares sans esbroufe, un chant mélancolique et poignant, une basse tout en rondeurs, une batterie légère, quelques effets sonores, des touches homéopathiques de claviers et le saxophone de ‘Indelible’ qui vient briser l’apparente linéarité de leurs compositions. C’est d’ailleurs à partir de ce morceau que le Le Grand Voyage semble prendre ses distances avec Here Comes The Sun. ‘Keystone’ se fait symphonique, ‘Hidden Passenger’ hausse le ton et ‘The Great Oblivion’ renoue avec un son plus dur et plus rock.
Le Grand Voyage s’écoutera au casque en attendant le vinyle. A moins de pousser les enceintes, les oreilles sont trompées par l’apparente monotonie des mélodies post rock alternatives. Mais lorsque sonnent entre vos oreilles les dentelles de notes électro acoustiques, cette basse souvent délicate et chaleureuse, cette batterie, qui même sur la caisse claire, ne semble jamais cogner trop fort, et cette voix chargée d’émotions, vous apprécierez toutes les nuances de la musique de Klone et la finesse de la production.
Il me faut tout d’abord parler de ‘Yonder’, titre fleuve de l’album avec sa magnifique vidéo. Une pièce qui débute sous l’orage, hypnotique, dans laquelle le piano tisse des draperies à la Debussy et où la basse, une fois n’est pas coutume, impose ses notes graves. Une pièce qui, d’abord épurée, s’enrichit au fil des minutes pour culminer sur la fin, durcissant le ton, remplie de guitare mandoline et de choeurs lumineux. Un schéma que l’on retrouvera dans plusieurs autres morceaux de l’album.
J’ai également une petite faiblesse pour les sonorités americana du trop bref ‘Breach’. Difficile de résister également à ‘Indicible’, une pièce d’abord très posée, qui prend son envol sur la batterie de x et le saxophone jazzy de y dans la dernière minute. Une délicieuse surprise qui relance la dynamique de l’album. ‘Keystone’ suit un peu la même logique, partant d’une trame linéaire, il accélère pour culminer en bouquet final symphonique. ‘The Great Oblivion’ joue les gros bras tatoués, le biker au grand coeur avec une basse lourde et une guitare aux accents très rock. Mais surprise, à mi-parcours, la Harley quitte la route 66 pour un itinéraire alternatif qui nous conduirait presque chez Steven Wilson. Un titre que l’on attendait pas ici et qui secoue bien la crinière, un de mes préférés avec ‘Yonder’. La mélancolie revient avec ‘Sad And Slow’ aux accents americana pour s’achever sur ‘Silver Gate’.
Le Grand Voyage auquel nous convie Klone est magnifique. Ceux qui ont aimé leurs précédents albums retrouveront le groupe en mieux, ceux qui attendaient que leur musique évolue seront comblés, ceux qui les aimaient en acoustique découvriront qu’en électrique l’émotion reste intacte. Le Grand Voyage, riche de milliers de subtiles nuances, poursuit l’ascension de cette formation française qui signe chez Kscope son meilleur album à ce jour.