Titres
Formation en 2008
Étrange nom pour un groupe américain. Étrange musique composée à cinq. Étrange art visuel. La Dispute joue un post metal hardcore hip hop torturé sur les paroles de Jordan Dreyer, le chanteur.
Imaginez un Eminem rencontrant un Placebo métallisé au post rock et hurlant avec ses tripes entre deux couplets parlés, vous aurez une petite idée de ce que propose ce groupe de Grand Rapids Michigan dans leur quatrième album Panorama. Dix morceaux, débutant par un instrumental cinématique, vous entraînent durant trois quarts d’heure dans un road trip musical hors du commun.
Deux gigantesques statues gisent dos à dos dans le sable du désert. Un homme et une femme en partie brisés, êtres de lumière recouverts d’une fine gangue, observés par une silhouette énigmatique égarée dans l’immensité du désert.
Jordan et sa compagne roulent de Grand Rapids jusque Lowell. Un trajet d’une trentaine kilomètres tout au long duquel des drames sont survenus : accidents de la route, noyades, corps retrouvés.
Le thème de Panorama est torturé comme le chant parlé crié de Jordan alors que la musique, de cinématique à post-rock, tisse une trame peu accidentée tout au long de ce voyage. Un contraste saisissant qui contribue à la puissance émotionnelle de l’album.
Après le bref instrumental ‘Rose Quartz’, Panorama rentre dans le vif du sujet. Sur Fulton Street, entre des arbres, une mâchoire humaine avec ses dents a été découverte. Un ‘Fulton Street’ en deux parties, parlées et hurlées sur des guitares et une rythmique à deux vitesses comme le chant. ‘Rhodonite And Grief’, chanté un peu à la manière de Brian Molko, nous surprend avec la trompette de Chad qui s’invite dans la mélodie ainsi que par ses paroles terribles : “Kill me by surprise, you said, I don’t want to stay alive to watch the words go first hers”. Etrangement dans ‘In Northern Michigan’, le chant n’explose pas une seule fois dans ce post-rock road movie récitatif. Tout l’opposé de ‘View From Our Bedroom Window’, harcore au chant et un post metal solaire, comme les paroles : “You shine for a second in the light”. ‘Footsteps At The Pond’ ferait presque rock après tous ces grands écarts si le chant n’était si torturé. Enfin le tout dernier titre ‘You Ascent’, un de mes préférés avec ‘Fulton Street I’ et ‘In Northern Michigan’, parlé, cinématique et également le plus long de l’album avec plus de sept minutes et deux pages de paroles dans le livret, explose dans la dernière minute.
Si le chant éclipse parfois la musique par sa densité et sa force, le contraste des deux mondes renforce la fabuleuse dynamique de l’ensemble. Si l’album n’est en rien progressif, il ne peut laisser indifférent. Il prend aux tripes et propose un style musical à la croisée de nombreux autres univers. A découvrir !