Titres
Tout le monde connaît la vie de Christopher McCandless rendue célèbre de manière posthume par le magnifique film Into The Wild écrit et réalisé par Sean Penn. Pour ceux qui ne connaitraient pas l’histoire, Christopher était un jeune homme qui, a vingt-deux ans parcouru les U.S.A. jusqu'à l’Alaska, en quête de la vie sauvage, laissant derrière lui tout le confort de la vie moderne. Son aventure connut une fin tragique, après cent-douze jours de survie passés dans la carcasse d’un vieux bus, au milieu de nulle part.
Le Into The Wild dont nous parlons aujourd’hui n’est pas la B.O. du film, mais une composition originale signée Markus Roth, le claviériste allemand de Horizontal Ascension et de Force Of Progress, le second album d’un projet appelé Marquette dont le premier opus Human Reparation sortait en 2015.
“La recherche de la vérité est importante” écrit Markus, “dans tous les domaines de la vie." Et il est essentiel d’accepter les conséquences de nos actes, qu’elles soient bonnes ou mauvaises.” Markus, lui aussi, fut marqué par le film de Sean Penn et comme moi fut impressionné par l’histoire, les paysages et la musique. Alors pourquoi en faire un album ? Comme Christopher McCandless, Markus suit ses rêves et convictions. C’est ce qu’il voulait souligner avec sa musique; le courage d’aller jusqu’au bout, quoiqu’il en coûte au final.
Into The Wild se situe à mi-chemin entre le cinématique et le rock progressif. L’album se compose des huit pièces du puzzle de la vie de ce jeune homme qui se faisait appeler Alexander Supertramp. Into The Wild alterne des titres instrumentaux, chantés et parlés avec la voix de Maurizio Menendez, des formats de trois jusqu'à vingt minutes, variant beaucoup de style en fonction de moments de la vie de Christopher McCandless. Parfois jazzy sur la trompette de Art Up (‘Into The Wild’), parfois metal progressif (‘Seven Doors’), souvent cinématique (‘Alexander Supertramp’), Into The Wild offre une grande variété de paysages sonores. Un album de claviériste bien équilibré entre les pupitres, comme ce duo basse/batterie joué respectivement par Sebastien Schleicher et Dennis Degen dans ‘No Answer’, un album qui ne recherche pas la performance technique à la manière de Calculated Risk mais qui tend à créer des atmosphères, des émotions et nous les restituer en musique.
Aux côtés de Markus, Sebastien et Dennis, nous trouvons également le guitariste Reiner Wendland récemment disparu, ainsi que le saxophoniste Robin Mock dans ‘Seven Doors’. Aucun artiste n’est crédité pour les instruments à cordes et la flûte, je suppose sans certitude que ces notes sont nées sous les doigts de Markus. Pourtant à écouter par exemple ‘Seven Doors’, on croirait entendre de vrais instruments, alors rien que pour cela, chapeau bas.
Pour un album principalement instrumental de plus d’une heure, Into The Wild réussit le pari de captiver de la première seconde à la dernière. Il y a bien ici où là quelques redites (‘Seven Doors’, ‘ Poisoned Homeland’), mais globalement le disque est réussi. Il n’est pourtant pas aisé d’ordinaire de me tenir en haleine pendant vingt minutes instrumentales comme dans ‘Into The Wild’, le dernier morceau, qui est certainement le plus beau. Je regrette juste que Into The Wild n’ai pas bénéficié d’une édition plus luxueuse car il faut se munir d’une loupe pour lire le livret.