Titres
Formation en 2006
Alex Wilson [bassiste,clavier], Otto Wicks-Green [guitariste], Daniel Oreskovic [guitariste] depuis 2016 jusque 2017, Tim Adderley [batteur]
Il y a bien longtemps, la rédaction recevait un colis venant d’Australie. Dedans des disques de Anubis, de Toehider ou encore de sleepmakeswaves. Le label Bird’s Robe Records nous expédiait tout son catalogue. A l’époque, j’ignorais que la musique jouée par le trio instrumental de Sydney au nom improbable se classait dans le post-rock. Il s’agissait pour moi de rock progressif sans chanteur à l’écriture quelque peu monotone.
Je n’avais pas franchement accroché à leur ...and so we destroyed everything, ne sachant sur quel pied danser avec leur musique. Depuis le groupe a grandi et j’ai appris à apprécier le post-rock à sa juste valeur. Alors pour la troisième fois, nous parlerons de ces australiens, avec these are not your dreams, un album qui compile trois EPs sortis cette année; soixante-dix minutes d’où surgissent cinq titres chantés sur les douze présents sur les galettes colorées.
Vous le savez comme moi, le post-rock est ce genre musical principalement centré sur les guitares, construit sur des répétitions de notes, ne goûtant guère les excès et pouvant rapidement tourner en rond. Heureusement pour nous, certains groupes comme Toundra, MoYan, iiah et d’autres s’échappent du carcan pour nous proposer d'intéressantes variations. sleepmakeswaves fait aujourd’hui partie de ce petit cercle d’initiés. Ils ont par exemple eu la bonne idée d’intégrer le chant dans certaines de leurs compositions, de ne pas se contenter de guitares aux motifs post-rock et de jouer la carte de la diversité musicale plutôt que celle de l’intégrisme. Le titre album, qui clôt la série des trois EPs, est l’exemple parfait de cette mutation musicale réussie, associant cinématique, post-rock et électro durant près de huit minutes.
‘the endings that we write’ et ‘batavia’ sont sans doute les titres les plus énergiques de l’album avec une grande densité de batterie et de guitares. A contrario, ‘mind place’, paisible à la guitare, et le post-rock cinématique ‘time wants a skeleton’ calment le jeu sans virer au soporifique pour autant. ‘menthol’ est sans nul doute la pièce la plus proche de la forme post-rock classique des premières années du groupe et ‘pyramids’, lui, nous joue un space rock orientalisant avec quelques accélérations dignes du metal.
Pour les morceaux où le chant s’invite nous trouvons dans l’ordre ‘cascades’, ‘zelda’, ‘embraced’, ‘serenity now’ et ‘lofi nylon’. Il faut attendre près de quatre minutes avant que les voix, tels des choeurs éthérés, n’envahissent un ‘cascades’ tout d’abord prog cinématique. ‘zelda’ par bien des aspects semble wilsonien, sorte de single lumineux de cet album et du second EP. ‘embraced’, d’abord électro acoustique, s'emballe sur un post-rock plus agité pour s’achever par une minute aérienne chantée, alors que ‘lofi nylon’ se rapprocherait d’une pièce du disparu Anathema. Enfin ‘serenity now’ est presque pop avec sa batterie, planant sur des nappes de guitares post-rock.
Tim à la batterie est capable d’une grande inventivité (‘batavia’) comme de minimalisme pop (‘serenity now’) quand les guitares de Otto jouent aussi bien des formes post-rock (‘cascades’, ‘menthol’) que des figures plus heavy (‘the endings that we write’) ou encore des touches épurées (‘embraced’). La contribution de Alex à la musique est moins frappante pour la basse qui ne se trouve jamais en avant, contrairement à la programmation (‘these are not your dreams’), les claviers (‘cascades’) ou les notes de piano (final de ‘the ending that we write’).
Il n’est pas nécessaire d’aimer le post-rock pour apprécier these are not your dreams. L’album propose suffisamment d’univers pour que tout un chacun y trouve son compte. Pour ma part j’ai particulièrement aimé ‘the endings that we write’, ‘pyramids’ et ‘these are not your dreams’. Ecoutez-le, il est sur Bandcamp.