Titres
Formation en 2020
Johanne Kippersund [chanteuse], Knut Kippersund [chanteur], Eivind Stromstad [guitariste], Asa Ree [violon], Ingvild Nordstoga Eide [violon], Ole Gjostol [pianiste], Morten Strypet [bassiste], Mats Lillehaug [batteur]
Playing House est de ces albums qui pourraient relancer la sempiternelle rengaine : “Prog or not Prog ?”. Pour tout vous dire, je m’en moque comme de ma première chemise. Lorsque je suis tombé sur l’album de MEER, j’ai immédiatement été séduit par ses mélodies délicates et légères. Le rock progressif connaît aujourd’hui une mutation pop qui déplaira peut-être à certains mais qui pour ma part chatouille agréablement mes tympans.
Commencé en duo en 2008, MEER est aujourd’hui une formation composée de huit musiciens : deux voix, un violon, un alto, un piano, une guitare, une basse et une batterie. En douze années, les norvégiens n’ont composé que deux albums et un EP, Playing House, Meer en 2016 et l’EP Ted Glen Extended en 2021.
Chez MEER je retrouve un peu de Steven Wilson, Frequency Drift, Portishead et Lesoir. Playing House s'apparente à de la pop alternative progressive folk orchestrale. Onze titres de quatre à sept minutes pour un album d’un peu moins d’une heure.
Playing House séduit dès la première écoute un amateur de mélodies faciles comme une oreille plus exigeante, car derrière l’évidente accessibilité, la musique propose également une écriture élaborée, sous la forme de cordes, d’une ligne de basse, de jeux vocaux, comme dans le magnifique ‘She Goes’ qui est la parfaite démonstration de cette dualité.
Si, avec huit artistes, certains morceaux proposent une opulence musicale quasi orchestrale (‘Beehive’), MEER est également capable d’épure comme dans le délicieux ‘Where Do We Go From Here ?’ où seul Knut chante accompagné d’une guitare. Mais MEER pourrait également passer sur les radios avec leur single plus commercial intitulé ‘Across The Ocean’.
MEER s’apparente à la pop par ses refrains faciles à retenir et rejoint la grande famille du rock progressif avec de nombreux changements de rythmes, une profusion de thèmes et une inventivité musicale qui semble sans limite (‘Picking Up The Pieces’). Un autre atout de MEER est ce chant clair de Knut Kippersund qui se marie à la perfection avec le timbre de Johanne. Violon, alto et piano remplacent agréablement la panoplie habituelle de claviers de tout groupe de rock progressif qui se respecte, et le son de l’album en gagne en authenticité.
Playing House ne se résume pas à un album aisé d’approche et agréable à écouter. Il propose une autre approche des musiques progressives, rendant accessible à tout un chacun des compositions nettement plus ambitieuses qu’il n’y paraît au premier abord. Je n’ai qu’un seul regret, c’est une production perfectible pour les instruments, où de temps en temps, la musique manque de limpidité. Si cela peut vous rassurer, en mp3, en streaming ou avec des earpods, vous n’entendrez pas ces petites faiblesses.