Titres
Lukasz Lisiak [bassiste], Janek Mitoraj [guitariste], Rafał Paluszek [clavier], Marek Romanowski [batteur], Marcel Lisiak [chanteur]
The After-Effect
Osada Vida
Katowice - Pologne - 1997
Genre - AOR progressif
Musiciens :
Marek Majewski : chant
Lukasz Lisiak : basse
Janek Mitoraj : guitare
Rafal "R6" Panuszek : claviers
Marek Romanowski : batterie
Musiciens additionnels :
Quatuor à cordes : Agnieszka Sawicka, Jakub Kowalski, Anna Krzyzak, Wojciech Skóra
Discographie :
Critical Moment - 2000
Heading for the Moon - 2002
Osada Vida - 2004
Three Seats behind A Triangle - 2006
The Body Parts Party - 2008
Uninvited Dreams - 2009
Where the Devils Live - DVD - 2012
Particles - 2013
The After-Effect - Metal Mind Productions - 17 novembre 2014 (Europe), 2 décembre 2014 (Amérique du Nord)
Nouvel album pour les Polonais d’Osada Vida, après le remarqué Particles de l’an dernier. Si le groupe s’était déjà forgé une solide réputation depuis sa création en 1997, il semble vouloir passer désormais la vitesse subsonique, notamment après un nouveau changement de line-up qui produit des effets plus qu’intéressants.
Osada Vida, c’est un petit village du Bénin, isolé de la civilisation, protégé par des pythons auxquels on offre des nouveaux-nés en échange de ladite protection, et où les habitants vivent en harmonie… Et l’harmonie en dehors des canons de la civilisation - ici le mainstream musical -, c’est bien ce que semblent rechercher les membres du gang de Katowice.
En effet, après déjà plusieurs bouleversements récents, le guitariste Bartek Bereska a été remplacé par Janek Mitoraj et le batteur Adam Podzimski - un des fondateurs du groupe - par Marek Romanowski. Non pas que les précédents aient eu à démériter, mais l’apport des nouveaux est concomitant avec la poursuite du virage musical déjà entamé, libre de toute convention et de tout arbitraire.
Exit la tendance parfois trop métallique du groupe, cette fois-ci Osada Vida assume l’éclectisme de ses goûts et nous propose une musique variée, riche, colorée et parfaitement maîtrisée. On pourrait vous faire le coup des références progressives pour attirer le chaland (d’aucuns vous parleraient de Porcupine Tree, Pain of Salvation, Riverside, Karcius…). Que nenni dans la présente chronique. J’irai plutôt chercher les références ailleurs, même si la dimension progressive de la musique proposée est indéniable…
Car si Osada Vida est un groupe que l’on peut globalement ranger sous la bannière "AOR progressif" (ah, ces classifications que je supporte de moins en moins…), comme le démontrent des morceaux tels "King of Isolation", "Lies" ou le début de "Haters", on a surtout l’impression à l’écoute de ce remarquable The After Effect, que l’on écoute un groupe de la West Coast, tellement c’est bluffant.
D’abord, Osada Vida s’appuie sur des compositions finement ciselées, dotées, qui plus est de textes intéressants - le fil conducteur étant ici les effets du temps qui passe et de la séparation, un des thèmes de prédilection du groupe. Ensuite, la production est à la hauteur et les arrangements sont précis et intelligents. L’ajout, par exemple d’un quatuor à cordes sur plusieurs morceaux est tout sauf un artifice, mais apporte au contraire une respiration et une ampleur qui sont les bienvenues. Enfin, les musiciens ajoutent leur grain de sel, notamment le nouveau guitariste, le jeune Janek Mitoraj, dont je trouve le jeu plein d’inventivité et de finesse, maîtrisant un peu tous les styles pour en tirer ce qu’il y a de meilleur.
Si "King of Isolation" ouvre le bal de la meilleure des manières, c’est grandement parce que l’on a là les ingrédients du produit d’appel : ça attaque bille en tête, batterie en avant, accords saturés, jolis claviers, chant bien posé, effets de guitare et, bien entendu, refrain qui tue et un premier solo de guitare impressionnant ! Morceau AOR typique, mais bien burné avec un pont mélodique joliment troussé, une entrée en matière fort goûteuse !
Et vlan, dès le deuxième morceau – dont vous trouverez le fort beau clip ci-dessous -, je suis conquis : "Sky Full of Dreams" est une merveille, ma préférée de l’album. De beaux arpèges accompagnés au piano, une voix chaude, une basse bien ronde et l’entrée magnifique des cordes pour le refrain, un de ceux qui vous restent dans la tête pendant longtemps. Et toute la construction du morceau est idéale et créative. On est encore dans l’AOR de bonne facture, mais c’est tellement bon que l’on pense que tout l’album va être comme ça… Pourtant, quelques effets guitaristiques pourraient vous mettre la puce à l’oreille, par-ci par-là…
"Still Want to Prevaricate?" commence par des claviers entre funk et soul amenant de beaux arpèges soutenus par une batterie joyeuse et une basse bien présente. Clavier et guitare se relaient pour de beaux solos tout en harmonie, sans démonstration inutile, quand ils ne se doublent pas. Un bel instrumental qui fait la jonction avec la suite, pas question de tergiverser...
Et la suite, c’est "Lies", qui attaque sur guitare saturée et orgue Hammond endiablé. Mais très vite, le duo basse-batterie nous ramène au calme avant que le chant chaleureux de Marek Majewski n’entre en scène. On a sur ce morceau ce qui reste de métal dans Osada Vida, mais mâtiné de rythmique prog avec de belles interventions du piano de Rafal "R6" Panuszek, encore des soli experts de Janek, et la batterie fine et racée de Marek Romanowski…
"Dance With Confidence" est un court instrumental qui permet à Janek d’exprimer ses talents acoustiques, bien soutenu par Marek et la belle partie de basse de Lukasz Lisiak.
Janek ne lâche pas l’acoustique pour démarrer "I’m Not Afraid", morceau lent, un vrai slow d’antan, avec chœurs et chant magnifiques, piano en décalé, et des interventions judicieuses de la guitare de Janek, décidément le bienvenu dans la bande ! Et là, on a comme des relents de Toto à son meilleur, et la comparaison n’est volée pour personne… Janek se fend d’un long solo jouissif et Marek s’avère un très grand chanteur. Encore un refrain et un morceau pour cartonner dans les charts !
Et l’impression laissée de se confirmer avec "Losing Breath" et son riff guitare-orgue. Encore des chœurs profonds et des breaks dignes du combo de Los Angeles avec de magnifiques passages instrumentaux.
"Restive Lull", troisième instrumental, démarre avec une basse fretless accompagnée par un superbe piano et une guitare électrique tout en finesse. Ca s’oriente jazzy dans la manière de jouer, et Janek Mitoraj fait vraiment preuve d’un grand talent. On a comme un croisement entre Bozzio Levin Stevens et Steely Dan ! Un pur joyau, d’autant que R6 se lâche un peu plus que sur le reste de l’album où il est plus discret qu’à l’accoutumée, ses échanges avec Janek sur le final sont époustouflants ! Fichtre !
Avec "Haters", on revient au rythme de départ, mais je n’aime pas trop l’attaque du chant où Marek essaie de se faire méchant pour coller au thème. Mais, immédiatement, ça change et c’est Steely Dan qui est appelé au parloir. Le refrain, avec ce "Your house of cards is falling down" magnifique, est une tuerie, entrecoupée de passages instrumentaux variés ou chacun y va de sa petite intervention (l’autre Marek, le batteur, n’est pas en reste !). Le soutien des cordes est à nouveau utilisé pour permettre en particulier à Janek d’asséner de ces soli dont il a apparemment le secret…
"No One Left to Blame" vient conclure cet opus sans que l’on ait le moins du monde eu le temps de s’ennuyer. Et toutes les recettes y sont, de l’AOR métallique au rock West-Coast. Attaques de riffs, chant bien posé et entraînant, breaks instrumentaux ingénieux et bien enchaînés où la paire rythmique fait finement le boulot - ah la basse de Lukasz ! – tandis que Janek et Rafal s’amusent comme des sorciers fous ! Un auguste passage vocal vient orner le morceau à partir de la sixième minute, de quoi vous faire fondre avant que le morceau ne se termine en fade-out sur des guitares et des claviers passés à l’envers…
Osada Vida a pris son temps mais semble avoir atteint sa pleine maturité et l’harmonie dont il avait besoin dans sa formation. Certes, le groupe est dans doute le plus West-Coast des combos polonais, mais avec un tel talent, on ne peut pas leur en vouloir d’exceller dans un registre où il n’y a plus grande monde ayant une telle maestria.
Un disque que je vous recommande pour son équilibre, sa variété, sa qualité et la beauté de ses compositions. Une belle surprise, parée d’une somptueuse pochette, c’est peut-être ça les séquelles les plus agréables de The After-Effect…
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