Titres
Formation en 1984
Ed Wynne [clavier], Brandi Wynn [], Silas Wynne [clavier], Balázs Szende [batteur]
Vingt-et-unième album, pour plus d'une trentaine d'années d'existence, il semble que je m'attaque de nouveau pour cette chronique à un monument avec The Ozrics, comme les fans de ce groupe aiment aussi les appeler. Quitte à passer pour un amateur non éclairé, je préfère avouer encore une fois que, même si ce groupe est souvent accroché par les radars de la musique progressive, je dois encore tout découvrir de ces anglais du Somerset, dont la fondation remonte aux débuts des années 80. En tout cas The Ozrics est une belle histoire de famille puisque Ed Wynne, seul membre originel encore dans le groupe aujourd'hui, a commencé avec son frère Roly. L'aventure continue avec sa femme, présente à la basse depuis une dizaine d'années, et leur fils Silas, aux claviers depuis 2009.
Je n'ai très honnêtement à ce jour pas encore écouté d'autres albums de ce groupe, mais il semble bien qu'avec ce nouvel opus - un double CD délivrant 1h30 de musique - les membres du groupe soient restés dans les caractéristiques de ce qui fait leur ADN musical, à savoir une musique électronique variée, évocatrice de nombreuses ambiances musicales, chevauchant des territoires aussi variés que le rock atmosphérique, la world music, ou le rock psychédélique. Je ne me risquerai non plus à aucune comparaison avec des groupes existants, tout au plus pouvons-nous dire que Steve Hillage, Frank Zappa, Gong, Caravan, Hatfield and The North sont, entre autres, quelques artistes préférés des membres du groupe.
La musique de cet album se compose en général d'une trame électronique rythmique, servant de base mélodique, sorte de colonne vertébrale de chaque titre. Cette trame, au fil des minutes peut marquer une courte pause, changer de rythme, de sonorité, reprendre un ton plus haut. Le premier commentaire est que certaines de ces séquences ne dépareilleraient pas dans une soirée electro. Autour de cet axe vertébral, source de nombreuses circonvolutions, fusent, vont et viennent différents motifs, sonorités et effets électroniques, en une sorte d'improvisation qui permet de revisiter de nombreuses variantes du thème principal. Dans cette somme d'effets aussi variés peuvent surgir à l'écoute diverses images : un ressort sautillant, des bulles d'air qui remontent à la surface de l'eau, des paillettes tombées du ciel, des anneaux de fer entrelacés qui s'entrechoquent, des gouttes d'eau, des éclats métalliques d'épées, une pluie d'étoiles. Les guitares et les claviers accompagnement cette trame électronique, tout en continuité de rythme. Les guitares, aigües, diffuses et acides, de temps en temps noyées dans les motifs électroniques, à l'instar des claviers, distillent presque en arrière plan une sorte de longue nappe électrique infinie.
La guitare se met quelques fois un peu plus en avant, comme dans 'The Unusual Village', un titre distillant une ambiance d'endroit habité, annoncé par un gong, peuplé d'oiseaux, de chiens, de canards et de toutes sortes d'autres créatures exotiques. Le côté exotique, tribal et world ressort d'ailleurs dans quelques titres tels que 'Changa Masala' et ses voix féminines à la Deep Forest, chants que l'on retrouve aussi dans 'Butterfly Garden', avec son atmosphère ouatée, diffuse, et ses cris d'oiseaux de jungle amazonienne. 'Epiphlioy', titre quant à lui très oriental, vous emmènera entre Maghreb et Inde, avec, fait assez rare pour être souligné, la seule séquence de l'album où la musique laisse supposer une légère tension, juste avant la fin de ce morceau.
Le côté un peu barré et psychédélique, vous le trouverez dans 'Smiling Potion'. Un rythme lourd qui se fait plus nerveux, où surgit une foule qui applaudit et siffle, et un titre qui finit en un déluge de cordes, de motifs électroniques, une guitare qui s'affole, et deux coups de feux en point final.
L'album se finit avec 'Rubbing Shoulders With The Absolute', un titre qui débute avec la pluie et ses accords en sonorités de boules chinoises, continue avec des créatures bizarres qui m'ont fait penser au tripot dans le désert de Star Wars, pour s'éclaircir et sortir agrandi avec une guitare cristalline. 'Zenlike Creature', dernier titre dont le début me fait penser à 'Kiss The Ground' de Simple Minds, comporte notamment un beau jeu de percussions ainsi qu'une guitare faisant vibrer ses cordes dans une sorte de brouillard diffus.
A ce stade de la chronique je serais tenté de dire que les amateurs de "vrai rock progressif" peuvent passer leur chemin. Cette expression, pour autant qu'elle ait un sens, peut revêtir autant de significations que gens qui vont lire ces lignes. Je me limiterai donc juste à mon ressenti. Il faut objectivement reconnaître que c'est bien foutu, mais personnellement je n'accroche pas plus que cela. C'est quelques fois pour moi un peu trop répétitif à mon goût. On peut émettre l'hypothèse que cette trame électronique qui se répète permet de se relaxer, de se détendre, passer un moment calme. Personnellement je repasserai cet album en mode ambiance lounge, lors d'une soirée tranquille entre amis par exemple.
NDLR: la version chroniquée est la version 'promo' du label Madfish, sans les titres 'Far Memory' et 'Zingbong' présents sur le CD1.
Vidéo :