Titres
Formation en 2010
Carly Pajaron [batteur], Dante [], Alvaro Luis [], Alex Macho [], Ugo Fellone [clavier]
Pervy Perkin est un groupe espagnol de métal progressif et rock progressif, né à Murcia en 2011 et désormais installé à Madrid.
Ink, leur premier album, propose plus de deux heures de musique, ce qui peut sembler d’emblée une gageure pour une première tentative.
Le chroniqueur curieux et avide de nouveauté s'attelle donc à l’écoute et se trouve surpris d’emblée par un premier morceau instrumental inauguré par un splendide son de trompette sur nappes de claviers et parsemé de quelques vocalises masculines et féminines du plus bel effet. Quelques changements interviennent avec les intrusions de bois et d’une guitare aérienne. On se trouve surpris entre du Ennio Morricone et du After Crying !
Convaincu par une si belle entrée, l’auditeur ouvre plus grand ses esgourdes pour le premier des trois long morceaux de cet album (“Of Echoes and Reflections”). Le jeu des voix s’intensifie, en anglais et les premières véritables guitares arrivent accompagnées d’un clavier digne de Tubular Bells… Et l’aspect métal progressif d’arriver de divine manière ! Les cassures s’enchaînent, les guitares croisées sont cristallines, on a passé 9 minutes de pur bonheur… et patatras : une voix trop basse mal maîtrisée, dans un anglais à l’accent trop prononcé surgit. Pas glop ! On est tenté d’appuyer sur le bouton stop illico, si une conscience compulsive n’arrêtait le geste prestement. Heureusement une voix plus haute intervient, poussant même parfois loin dans les aigus. On pourrait disséquer le disque de la sorte aussi longtemps qu’il dure (plus de deux heures, vous n’allez pas tenir, chers lecteurs).
Aussi, soyons sobre (pour une fois, hic) : ce premier disque aurait pu être une pure merveille, tout simplement (et il n’en est pas si loin). Les musiciens sont excellents, ça fourmille d’idées, ça part un peu dans tous les sens, les interventions à plusieurs voix sont très belles, c’est riche d’une foultitude de détails, c’est bien enregistré et la production est de qualité.
Seulement voilà : c’est tellement éparpillé que l’on aurait sans doute préféré un disque plus concis avec les meilleurs morceaux encore plus peaufinés. De plus, nos amis espagnols s’évertuent à vouloir chanter dans la langue hégémonique, alors que leur langue maternelle s’accorderait parfaitement avec leur musique (d’ailleurs, quelques soucis de précision vocale viennent peut-être de là).
On retiendra néanmoins que ces jeunes gens ont écouté et assimilé tout ou partie de Dream Theater, Transatlantic, Zappa, Symphony X, Pink Floyd, Rush, Camel, Metallica même, etc., sans en faire de pâles copies.
Au final, les défauts de ce premier exercice se trouveront vite effacés par l’auditeur pas trop tatillon devant la richesse musicale (et ses contrastes constants), l’ingéniosité (et le talent indéniable des musiciens) et la fraîcheur (bien loin des albums aseptisés et surproduits qui envahissent le marché) de Pervy Perkin.
Une belle surprise où chacun pourra, je pense, trouver son bonheur dans le fatras joyeusement gouleyant de ce premier jet d’encre. Un encouragement à nos chers Ibères pour tant de spontanéité, malgré les limites évoquées par le chroniqueur grincheux (caractère répandu dans l’espèce).
Vamos, Pervy Perkin !
L'album est téléchargeable ici http://pervyperkin.bandcamp.com/album/ink gratuitement, sous licence Creative Commons CC-BY-NC-SA