Titres
Formation en 2012
Plini [guitariste], Simon Grove [bassiste], Troy Wright [batteur]
La pochette d'un album est toujours pour moi un élément qui déclenche (ou pas) une certaine curiosité, et appelle à la découverte plus approfondie de la musique qui se cache derrière le graphisme. Celle de Handmade Cities, que l'on doit à Alex Pryle, auteur des quelques autres pochettes des EP de Plini, a encore bien joué son rôle. Avec un mélange surréaliste d'oranges suspendues, de flamant rose bernard-l'hermite, de girafes en nœud pap à la queue fleurie, et de mini tours montées sur tentacules déferlant sur un paysage urbain en mode 'Guerre des mondes', ce tableau hublot a attiré mon regard. Très original.
Cette pochette est celle de Handmade Cities, premier court album de Plini, résident australien. Le jeune guitariste et compositeur n'en est pas à son premier coup d'essai puisqu'il a sorti depuis 2012 de nombreux EP, dont une trilogie Other Things/Sweet Nothings/The End of Everything basée sur ses 'choses' et regroupant une dizaine de titres. Au titre des collaborations musicales que Plini a su attirer dans les filets de ses EP, citons entre autres Marco Minnemann (Joe Satriani, Steven Wilson), Sithu Aye, Luke Martin, Jakub Zytecki, et Simon Grove (The Helix Nebula) que l'on retrouve ici à la basse en compagnie de son compatriote Troy Wright aux fûts.
Les présentations étant faites, autant aller tout de suite droit au but : cet album est pour moi une tuerie. Le premier titre 'Electric Sunrise' vous laissera KO debout. Une basse épaisse et énorme que ne renieraient ni Haken ni Seven Steps To The Green Door, des accords cristallins de guitare, un mélange incroyable de mélodie aérienne et d'éclats de cymbales savamment dosés, des défilements de notes hallucinatoires, et surtout une guitare mitraillette qui vous décoche des salves énergiques de notes, autant de bastos vous percutant en pleine poitrine et qui vous laisseront groggy, chancelant sur votre deux pattes tremblantes qui ne demanderont qu'à s'agiter dans tous les sens. Les surprises sont à l'avenant tout au long de ces trente-cinq minutes de musique jubilatoire. Citons des passages et instants atmosphériques (dont une intro à la Grand Bleu dans 'Inhale'), des alignements frénétiques de notes ultraterrestres à la guitare, la coolitude de la vie qui passe dans une aura d'ondes positives et bienveillantes ('Every Piece Matters'), des séquences explosives de batterie et de guitares qui réveilleraient un neurasthénique comateux sous anti-dépresseurs, des catapultages cinématiques aux délicieux parfums de Nordic Giants, une séquence programmatique où passent fugacement les casques étincelants de nos deux représentants de la French Touch. Et caetera et caetera.
Cette musique est un concentré d'énergie, à l'image d'une grande lumière blanche qui rayonne et illumine tout sur son passage. Le secret de Plini réside en fait dans la rythmique de sa musique qui enchaîne à la perfection moments de tension, maelströms, et moments relâchés, avec entre ces extrêmes toutes les variations possibles et inimaginables : passages détendus, uppercuts de cordes, notes solaires, déflagrations de basse/batterie, reverbs apaisants. Il semblerait que la virtuosité de notre australien ne connaisse pas de limites, avec un sens du rythme et du décalage assez scotchant. On ne sait jamais où le musicien va partir, le tout dans des titres excellemment bien construits et dans une homogénéité musicale qui donne un plaisir inégalé. Il n'y a qu'à prendre 'Pastures' ou 'Cascade' pour se rendre compte combien il arrive à triturer un motif et en tirer d'innombrables variations guitaristiques.
Métal ? Prog ? Djent ? Fusion ? Jazz ? Très certainement un peu de tout cela, mais personnellement à ce niveau une telle classification est pour moi accessoire. Disons que les fans de Animals As Leaders, Alan Holdsworth ou Pat Metheny y retrouveront largement leur compte. Alors bien sûr c'est un énorme coup de cœur et la note maximale pour ce Sydneysider à la musique amplinifiée et survitaminée, et dont les guitares mitraillettes n’ont jamais le temps de refroidir.
Avec ce guitariste exceptionnel de 24 ans qui, selon son site internet, 'compose de la musique dans une chambre à Sydney', on peut dire que l'adage "Aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années" a ici plus que tout son sens. Et s'il était encore besoin d'en rajouter, laissons donc le mot de la fin de cette chronique à Steve Vai : 'Lorsque j'ai vu Plini jouer j'ai senti que le futur du jeu exceptionnel de guitare était assuré'. Il n'y a plus beau compliment que l'on puisse faire à ce nouveau prodige.
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