Titres
Patricia Andrade [chanteur], Rick Chain [guitariste], Fernando Matias [bassiste], Paulo Lafaia [batteur], Ricardo Matias [guitariste]
Sinistro, comme son nom l’indique, n’est pas vraiment un groupe produisant une musique joyeuse. Le groupe vient du Portugal qu’il présente comme un pays où la mort a toujours eu une place importante que ce soit en musique (fado, saudade) ou dans d’autres domaines. Ils ne font donc en quelque sorte que perpétuer une tradition. Ils viennent d’être signé par le label Season of mist plus connu pour héberger des groupes de metal extrêmes mais qui s’est diversifié ces dernières années accueillant notamment des groupes comme Obsidian Kingdom ou Crippled black phoenix..
Le premier album éponyme du groupe est paru en 2012. Il s’agissait alors d’un doom instrumental. Particularité, les trois membres étaient seulement identifiés par une lettre, sans doute la première de leur prénom. En 2013, ils accueillent pour l’EP Cidade, la chanteuse Patricia Andrade. Pour leur second véritable opus, Semente, qui paraît donc en 2016, un second guitariste est engagé. Outre la chanteuse, le groupe se compose donc de Y et R aux guitares, de F à la basse et aux claviers et de P à la batterie.
Les lusitaniens revendiquent une multitude d’influences plutôt diverses. Il reste quand même que la base de leur musique est donc essentiellement du doom, musique lente et désespérée aux riffs lourds. Si les deux premières caractéristiques font partie intégrante de la musique des lusitaniens, le troisième est utilisé avec plus de parcimonie. Des éléments un peu plus divers sont intégrés et notamment un aspect cinématique comme Frequency Drift. Le dernier album des allemands n’est d’ailleurs pas si éloigné de ce Semente.
La pochette, comme celle des précédents, est en noir et blanc et offre un bel aspect mystérieux. La voix de Patricia Andrade est un des points forts de l’album. Celle ci chante, murmure, susurre et pleure en portugais et nous fait partager tout son désespoir sur les sept titres qui composent l’album.
Riff lourd et basse profonde se font entendre dès le début de ‘Partida’ qui ouvre le CD bientôt rejoints par la voix enchanteresse de Patricia Andrade. L’atmosphère se fait ensuite plus légère et aérienne avec paroles plus murmurées que chantées. La puissance revient ensuite mais de manière plus symphonique.
Une atmosphère ainsi que certaines guitares proches de celles de The Gathering période débuts d’Anneke se font ressentir sur certaines parties d’’Estrada’.
‘Corpo presente’ est basé sur une rythmique lourde et métronomique qui s’évanouit lors du refrain pour faire place à une musique plus symphonique. Quelques dissonances saxophoniques apparaissent sur la fin.
La rythmique plus groove de ‘Semente’ nous entraîne vers univers un peu plus trip hop à la Massive Attack.
Il est possible d’entendre dans la première partie de ‘Reliquia’ quelques réminiscences d’Angelo Badalamenti et Julee Cruise, dont les fans de Twin Peaks ont pu apprécier les mélodies et la voix éthérées, ce qu’on retrouve ici. Les riffs se font petit à petit plus lourds et la seconde partie penche plus vers The dying bride.
‘A visita’ propose une ambiance plus douce, plus heavenly fort agréable.
Je suis plus réservé sur le dernier titre ‘Fragmento’, le plus long de l’album dépassant les onze minutes. Des paroles murmurées ou chantées et une musique plus labyrinthique nous étourdissent dans la première moitié. En fait c’est surtout le riff final très répétitif joué seul durant les cinq dernières minutes que je ne n’apprécie que modérément.
Sinistro nous offre donc avec ce second LP, une oeuvre bien plus subtile que ne peut le laisser une première écoute de l’album, créant non seulement une atmosphère envoûtante mais aussi un univers captivant.
Clip de reliquia :
Clip de semente :
Bandcamp :