Titres
Formation en 2001
Thomas Thielen [chanteur,guitariste,clavier,batteur]
Fragmentropy est le second album de T que je chronique, ce qui fait presque de moi un expert de l’artiste. Cependant, je suis toujours dérouté par son univers.
Thomas Thielen est un multi-instrumentaliste et son projet, T, a été conçu dans la solitude de son studio. Seul devant les instruments, seul derrière le micro, seul face aux partitions blanches.
Fragmentropy nous raconte une histoire, où il est question d’amour, de voyage, une histoire contée en trois chapitres par Thomas.
Il s’agit du cinquième album solo de l’artiste, deux années de travail pour accoucher de sept pistes totalisant plus d’une heure et quart de musique. Thomas n’est pas avare de paroles, le livret en déborde. La typographie façon machine à écrire Underwood les rend hélas quasi illisibles.
On n’écoute pas de T comme on le ferait avec un album pop. Il faut être prêt et disponible, le easy listening est bien loin. Prenez un zeste de Transport Aerian, versez un verre de Marillion 3 ans d'âge, deux pincées de Bowie, saupoudrez d’un peu de jazz, mélangez le tout en y incorporant du rétro prog, ajoutez des choeurs et du chant jusqu’à obtenir une texture bien souple, n’oubliez pas la guitare par petites touches et un glaçage de piano, recouvrez de paroles poétiques puis enfournez le tout pendant deux ans et voilà, votre Fragmentropy est prêt à être dégusté.
Les instruments foisonnent sur ce nouvel album. Les classiques, guitares, basse, batterie, piano, mais également violoncelle, violon, accordéon, saxophone, flûte… Qu’est-ce qui est joué et programmé ? Bonne question. Il semble que Thomas joue de la batterie, si ce n’est pas le cas, la programmation force le respect. A la base pianiste, chanteur dès le plus jeune âge, Thomas s’est intéressé à la guitare parce que les filles aiment les guitaristes, c’est bien connu. Cela ne l’empêche pas de jouer de nombreux autres instruments avec aisance. Son phrasé se situe entre Bowie dans les graves et Hogarth dans les aiguës, un mélange plutôt agréable pour qui aime ces deux artistes. La musique passe parfois du coq à l’âne, avec des moments de grâce mais également des passages confus qui exigent beaucoup d’attention. La guitare fait dans le post rock plus que dans les soli virtuoses, la basse, bien présente, joue du métronome, et le piano, qui revient souvent, boucle sur de courts thèmes. Quelques rares riffs crissent sur l’assiette et la batterie est variée mais pas franchement technique. C’est le chant qui contribue principalement à la ligne mélodique. Le piano laisse place de temps en temps au son 70’s de clavier vintages.
‘A Sky Hight File of Anarchy’ séduit malgré une absence de relief et une forte densité littéraire. Thomas passe du murmure à des choeurs nourris, un ‘Neverland’ qui aurait rencontré Blue de Hamlet.
Avec ‘Brave New Morning’, nous plongeons dans un chaos sonore organisé dans lequel, malgré les écoutes successives, je ne trouve pas mes marques. L’aspect expérimental de T reprend le dessus, le résultat est confus à l’oreille comme pour l’esprit. Trop de chemins divergents sont à suivre simultanément. Du canterbury pour initiés qui comporte tout de même de très beaux passages, comme ce solo de guitare vers la huitième minute.
Vous aimez ‘Montréal’ de Marillion ? Vous devriez apprécier le titre qui suit, ‘Uncertainty’. Le chant, le choix des claviers, même le phrasé, de nombreux éléments qui rapprochent ces deux pièces à part leur durée, ‘Uncertainty’ est court, juste sept minutes.
‘Entanglement’ au piano façon ‘The Exorcist’ juxtapose des idées inégales et très différentes. Préparez-vous une nouvelle fois à être chahuté. La rythmique est par trop envahissante, rendant l’écoute difficile. Le titre aurait besoin de plus de cohérence.
Ce second chapitre se conclue sur ‘Eigenstates’, post rock planant qui monte en puissance et culmine avant la cinquième minute.
Mon chapitre préféré est le dernier, ‘The Art of double Binding’ avec pour débuter ‘The Black And White’ qui sent bon le rétro prog puissant avec des parfums de Genesis et de Steve Hackett, et où pour une fois les instruments prennent le pas sur le chant.
‘Shade of Silver’ conclue l’album sur post rock façon Edison’s Children.
Malgré le fait qu’il s’agisse d’un concept, une écoute morceau par morceau s’est imposée pour ne pas décrocher. A une exception près, les titres trop longs demandent un effort d’écoute. Rester concentré soixante quinze minutes sur Fragmentropy n’est pas chose aisée. L’album contient de belles choses, mais reste réservé aux plus prog head d’entre nous, et c’est moi qui écrit ça…
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