Titres
Formation en 1998
Dissolution en 2019
Sandy Carles [], Olivier Dubuc [], Pierre-Henri Colin [clavier], Chris Hiegel [batteur], Anthony []
Membres additionnels:
Caroline Bugala, Eliad Florea: violons
Cédric Rousseau: alto
Anael Rousseau: violoncelle
Mathilde Frapard: hautbois
Théo Friconneau: clarinette
Pierre-Emmanuel Viverge: flûte
Ne vous y trompez pas, The Last Embrace, aux nom et paroles anglaises, est un groupe francilien bien de chez nous. Avec ce groupe, voici donc une nouvelle bonne occasion de pousser un petit cocorico progressif supplémentaire. Après appel à un financement participatif aux objectifs largement dépassés, la formation hexagonale vient donc de sortir son cinquième album. Créé en 1998 par Olivier, leader du groupe qui assure, entre autres, la partie musicale aux guitares, entre composition, répétitions, enregistrements, changements de line-up, apparitions sur différentes scènes, participations à plusieurs festivals (La Rotonde, Metal Female Voices, Crescendo notamment) et premières parties de concerts ou participations live (The Gathering, Antimatter, Danny Cavanagh), le groupe a déjà bien tracé sa route musicale et s'est maintenant 'fait un nom' dans le monde progressif.
Photo Franck Chevallereau
Sur ce nouvel opus, TheWinding Path, forts de l’expérience d’Olivier, Sandy et Coco (Pierre-Henri), respectivement au chant et aux claviers depuis 2005, Anthony à la basse depuis 2009, ainsi que Chris à la batterie, qui a rejoint le groupe en 2011, ont laissé une petite place supplémentaire à des musiciens additionnels pour ajouter de nouvelles sonorités à leur répertoire. Des cordes avec violons, alto et violoncelle, ainsi que des vents avec hautbois, clarinette et flûte, et qui permettent de donner, à l'image des tons or et ocre de la pochette conçue par Dehn Sora (les pochettes du groupe français 6:33, c'est elle), de chaudes colorations au fil des différents titres joués.
Sandy a l'occasion dès le premier titre, “On My Own”, d'exprimer une voix chaude et grave, voix qui se fera plus aérienne par la suite. La musique est assez douce et calme, violons et guitare électrique se marient très bien. Flûte et clarinette participent ensuite à une seule grande montée en puissance où le personnage du titre doit seul trouver sa route et tracer son chemin, en dehors du regard renvoyé par les autres. Sans transition autre que celle du titre, le second morceau exprime une angoisse qui s'estompe rapidement, et retrouve des racines plus métal : un refrain électrique, un solo de guitare bien appuyé à la batterie, relayé ensuite par un solo musclé d'orgue, accompagnent une révolte latente contre cette “Nescience” qui écrase et étouffe la population.
Le titre suivant, “The Field of Minds”, est, à mon sens, avec ses 18 minutes, le titre représentatif du virage encore plus progressif qu'a pris le groupe sur cet album. Un motif de quatre notes à la harpe dessine une ambiance mystérieuse, distillée par les clarinettes et hautbois, qu'éclairent rapidement les violons. Il s'ensuit plusieurs séquences aventureuses faites d'enchaînements de rythmes, de silences, de relances, d'accords musclés de guitares rebelles, d'ouvertures à la flûte, de breaks électriques, de périodes d'accalmie et d'apaisement appuyées par la clarinette, ainsi que de tempête électrique. L'alto et le violoncelle s'invitent aussi au ban, un solo de guitare électrique surgit de cette vie bouillonnante, un violon s'affole, un orgue martèle ses accords furieux dans un déluge de cymbales. Laissez-vous porter par ce titre qui vous fera emprunter à chaque écoute les chemins différents de la pochette de ce “Chemin venteux”. Le piano, repu de toutes ses ambiances, reviendra pour reprendre en miroir le motif à quatre notes du début du titre, et conclure votre arrivée lumineuse en bout de chemin.
“The Fear of Loss” est ensuite une ballade folk à la guitare acoustique, il n'y a qu'à se laisser porter par la voix de Sandy, qui m'a fait penser à Joan Baez, allez savoir…. En tout cas la prise de son est vraiment très très bonne. “Let the Light Take us” enchaîne là encore sans transition, et pourrait être vu comme un développement instrumental du titre précédent. Ici, la guitare sèche rameute de nouveaux compagnons de route pour un titre très mélodique : clavier, violoncelle, guitare électrique verbeuse et un brin acide, les violons adoucissant la note. La batterie annonce une petite tempête où tout le monde se met au diapason avant que le vent ne retombe. “White Bird”, en démarrage à la basse et en rythme décalé à la batterie, par le truchement d'une belle flûte expressive, tour à tour feutrée, calme, combative, raconte l'histoire d'un oiseau libre, au cœur pur, aux ailes immaculées, tenté par la richesse et la poussière dorée des rois. Il se noircira les ailes et le bec au contact de cette richesse, ainsi que des flammes crachées par le dragon gardien de ce trésor pervers. Il s'en sortira in extremis mais malheureusement non indemne. C'est l'occasion de belles séquences de suspense, et de passes d'armes entre piano solo, flûte, rythmes cymbalés, Rhodes et guitare électrique. Un bon parfum de rock des années 70 s'exhale en tout cas de ce dernier titre.
Avec ce nouvel album, notre intuition est que la formation a grimpé une nouvelle marche dans sa progression musicale. Cet album inclut les éléments des autres albums (les côtés métal, mélodique et atmosphérique des deux premiers albums, le côté acoustique de Essentia sur “The Fear of Loss”), et l'on sent que chaque membre du groupe a pu exprimer et intégrer ses influences diverses. Le bémol (eh oui il y en a quand même) sera pour le vocabulaire et les tournures de phrase en anglais qui, personnellement et intuitivement, ne me parlent pas de trop, et qui contiennent quelques coquilles. Personnellement, je trouve toujours un peu dommage qu'un groupe français se tourne vers la langue anglaise, pour des raisons d'ailleurs très compréhensibles et louables. Je concède facilement sur ce commentaire mon côté sûrement un brin franchouillard, mais le fait est que la langue française offre aussi une grande richesse poétique qui ne demande qu'à être exprimée. Quant aux côtés progressifs accentués et un peu plus marqués sur ce nouvel album, il ne fait aucun doute que la formation saura dans le futur encore plus les revisiter, les ingérer, les triturer pour y insuffler encore plus d'interprétation et de caractère. Cela n'augure que du bon pour le futur et les albums qui suivront. En tout cas, à la rédaction nous avons bien lu que “la formation, gonflée à bloc, est prête à défendre ce nouvel album sur scène”. A bon entendeur …
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