Titres
Gaétan Benoits [], Jefferson Gregoire [], Sébastien Benoits [batteur], Thomas Bouvier []
Monstres du post rock ou musique aléatoire ? Le nouvel album des français de The Random Monsters, Going Home, semble inclassable. Fort de trois chanteurs invités, Bodie, Bastien et Alex, le groupe déploie ses ailes sur cinq pièces dont un très long instrumental. Mais si les structures ensorcelantes de cet enfant du prog hantent encore cet album, c’est un son venu de Louisiane qui résonne le plus souvent. Un blues américain sudiste qui s’apparente beaucoup à la musique de Old Fire.
De la douceur jusqu’à des hurlements déchirants (‘Because Looking Back Doesn’t Mean I Can Feel Safer’), le chant habite les morceaux de Going Home et nous sommes pris de court lorsque ‘No Church’ survient, vingt minutes quasi linéaires de guitares post rock sans l’ombre d’une voix, où des cloches semblent sonner à l’horizon. Un titre qui se noie dans le silence et remonte tel un cri à la surface, mourant pour mieux renaître à chaque fois.
La steel guitare débute ‘Wolf’s Gate’ tel un loup qui hurle. Des notes longues et plaintives dans la moiteur de la nuit, au bord du Mississippi, avec la discrète présence de la basse et des coups de balais qui donnent plus de présence au chant mélancolique de Bodie.
Abandonnant le sud au coucher du soleil, le son post rock s’installe pour un bon moment. Deux guitares planantes, une basse vibrante et des percussions lentes étirent un fil invisible et sans fin qui se distend, au bord de la rupture puis se relâche. ‘No Church’, où les cordes sonnent comme des carillons lointains, joue sur le volume et la tension. Un coup de force magistral consistant à captiver sur une si longue durée.
Alex prend le micro dans ‘Because Looking Back Doesn’t Mean I Can Feel Safer’ qui développe une atmosphère proche de celle de ‘Wolf’s Gate’ avant de basculer dans un chant écorché qui glace les os sur une musique terriblement tendue. Les métalleux trouveront ici matière à se faire plaisir.
Restent deux titres ou Bastien chante. ‘Up In The Sky’ qui arrive après ‘No Church’ et ‘Harrison’ qui clôt Going Home. Même s’ils diffèrent beaucoup, tous deux sont apaisés et lents comme le crépuscule après une journée brûlante, des notes éparses qui accompagnent le timbre clair de Bastien.
Le rock cinématique We Pretend It’s All Right m’avait ouverts les portes de l’univers de The Random Monsters. Going Home confirme mes impressions premières. Sans charger la partition de notes, les parisiens offrent, une nouvelle fois, un album envoûtant et fort où les voix des trois chanteurs se marient à la perfection à la musique du quatuor.
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