Titres
Formation en 1998
Tamás Kátai [clavier]
Invités :
Martina Veronika Horváth (ex-Niburta, SallyAnne, Nulah): chants sur 1,3,7,8
Gyula Vasvári (Perihelion): chant sur 9
Zoltán Kónya (Gire): chant sur 1
Badó Réti (Gire): fretless bass sur 2
Vajk Kobza: oud sur 3,5
Gábor Drótos (Gutted): violoncelle, alto, violon, guitar classique sur 4
Marilú Theologiti: violoncelle sur 5
Zoltán Pál (Sear Bliss): Trombone sur 2
Péter Jelasity: saxophone sur 2
Sándor Szabó: flûte quena sur 6
P. W. Hermann: voix sur 2
Après m’être essayé à Geometria en 2018, je tente à nouveau ma chance cette fois avec Naiv, car décidément Thy Catafalque est un groupe hors normes. Ce projet mené par le hongrois Tamás Kátai se situe à la croisée du black metal de ses débuts et de la musique folklorique de ses origines avec quelques touches électroniques.
Sur Naiv, des flûtes, un oud, un trombone, des violoncelles, un alto et un violon s’entortillent autour de la basse, des guitares, des claviers et de la programmation. Des chants traditionnels féminins disparaissent sous des éruptions de growl, et lorsque l’on ne cède pas pas à l’irrésistible headbang c’est le Ugros ou le Karikajo (danses hongroises) qui démangent vos jambes.
Ce nouvel album s’inspire de l’art naïf, né au XIXe siècle, et qui mettait en scène la campagne et le monde sauvage (Douanier Rousseau, Robert Tatin, Ferdinand Cheval) sans respect pour les canons de l’époque. Les oeuvres de l’école Hlebine, près de la frontière hongroise, ont peut-être inspiré Tamás lors de l’écriture de Naiv, comme en témoignent les noms de certains morceaux : ‘Le temps d’errer’, ‘Innombrables couleurs’, ‘Oiseau bleu’, ‘Soleil’, ‘Tempête’...
Naiv se révèle un album fabuleusement varié et cependant d’une grande cohérence. Ce sont les morceaux eux-mêmes qui jouent de violents contrastes : le metal tendu répond au growl et aux voix évanescentes (‘A bolyongás ideje’), l’instrumental électro dansant se perd dans des cuivres (‘Tsitsushka’) jouant d’étonnantes reprises, le chant traditionnel flirte avec les guitares électriques (‘Embersólyom’), guitares qui se font déborder ensuite par les instruments à cordes (‘Számtalan színek’), l’électro metal growl se fait folk et progressif (‘A valóság kazamatái’), les flûtes dansent avec l’oiseau bleu (‘Kék madár (Négy kép)’), la toccata se marie au post rock lumineux (‘Napút’), le metal torturé répond aux chants hongrois avant de virer à la Ozric Tentacles (‘Veto’) et une tempête déferle sur le dernier morceau (‘Szélvész’). Des musiques colorées qui tracent à coups de pinceaux vifs des scènes de la vie rurale hongroise.
Thy Catafalque ne possède pas d’égal dans le monde du metal. Il est ce que le RIO est au rock progressif, quelque chose de complètement à part. Difficile de tout aimer dans Naiv - il manque tout de même un batteur - mais j’apprécie beaucoup certains morceaux comme ‘Számtalan színek’, ‘Szélvész’, ‘Embersólyom’ ou encore ‘A valóság kazamatái’.