Titres
Formation en 2014
Stéphane Desbiens [chanteur,guitariste,clavier], Mathieu Gosselin [bassiste] jusque 2015, Jean Gosselin [batteur], Philippe Desbiens [bassiste], Isabelle Cormier [violon]
Invités :
- Peter Falconer /voix
- Fred Schendel /claviers
- Romain Thorel /claviers
- Marie Noelle Harvey /violon
- Laura Laberge / cello
- Sylvain Laberge /flutes
- Nathalie Gobeil /basson
- Daniel Simon /saxophone
- Chorale de Saguenay
D Project a été fondé par Stéphane Desbiens et l’auteur Francis Roy en 2006. Find your Sun est le cinquième opus du groupe qui vient du Québec. Commenter la musique qui vient de chez moi me permet de retomber dans mes racines. En fait, cela peut devenir un couteau à double tranchant. Ai-je fait une erreur ? Le québécois qui fait la critique d’un groupe québécois. Hé bien ! Le reste de la gang (bande) de Néoprog chronique bien des groupes français ! Alors je fonce ! Cependant, je suis un peu soulagé, et triste à la fois, d’apprendre que D Project est plus connu en Europe qu’ici. Je bénéficie de l’adage « nul n’est prophète dans son pays » afin de tenter de le briser en me permettant de commenter leur dernier effort.
Cette œuvre s’écoute bien en novembre, car ici au Québec la nature est entre deux saisons et se prépare à s’endormir d’un sommeil profond sous son épaisse couverture de neige. Bien enfermé dans la maison, influencé par cette torpeur qui s’installe dehors, on peut laisser l’ambiance de l’œuvre prendre toute sa place.
Petite parenthèse culturelle : saviez-vous que Moving Pictures de Rush a été enregistré dans cette ambiance en octobre et novembre 1981 à Morin-Heights au Québec ? C’est fait à l’abri d’un climat qui nous prépare à un rude hiver canadien. Cela donne une atmosphère feutrée lors de l’écoute. On voit même la neige au travers de la vitre du studio dans la vidéo de Tom Sayer. (https://www.youtube.com/watch?v=auLBLk4ibAk)
Pour commencer, ils avouent être influencés par Pink Floyd. Même qu’une partie du son des deux derniers albums a été confiée à Andy Jackson, ingénieur de son de Pink Floyd et David Gilmour. Voici une chose de réglée : ils l’assument !
La platine commence avec la pièce ‘The End’ qui nous mène dans une atmosphère floydienne un peu à la The Wall pour subitement devenir plus dynamique. On revient à la douceur et voilà que commence la prestation vocale de Stéphane Desbiens. Sa voix me rappelle parfois David Gilmour avec quelques années en moins. On y retrouve beaucoup de changements de rythmes et même de la flûte traversière. C’est bon !
Le deuxième morceau commence avec un texte assez contestataire, la voix s’éloigne de Gilmour, le clavier commence son jeu et bang ! On revient vers Pink Floyd avec un solo de saxophone bien senti. Finalement, on nous ramène vers la ‘Cruel reality’ en nous servant un son plus lourd. Avec la suivante, ‘Tell Me’, l’univers musical est influencé par King Crimson. Une musique en changements fréquents de rythme, du vrai progressif. Des notes de guitares parfois à la Allan Holdsword avec du violon accompagné par une basse solide nous ramène à l’époque du super groupe UK. La prochaine plage prend son temps pour s’installer tout en permettant ainsi au guitariste de nous montrer son talent. La pièce évolue vers un solo assez émotif pour finalement nous ramener vers la douceur et permettre à la voix de prendre sa place. Le tout finit en beauté par un solo de basson. Exotique !
Le cinquième morceau a vraiment son identité propre, on y va encore là avec beaucoup de changements de rythmes, des envolées de claviers à laquelle la guitare finit par répondre comme UK savait si bien le faire. En sixième piste, il y a un beau crescendo, en effet l’intensité y augmente nous emmenant vers une guitare lourde qui soutient un solo très bien senti. On y exploite la vulnérabilité humaine en chantant : « Be kind to me ». C’est très réussi. La pièce titre, la septième, nous ramène vers du King Crimson bien vitaminé.
L’album se passe rapidement. Cependant, la dernière piste demeure ma préférée. Débutant avec une intro à la Genesis. Le solo de guitare électrique est très bien appuyé par une guitare sèche. C’est tout simplement divin. On écoute tout cela sans effort. C’est le genre de morceau qui ne veut pas se terminer, on en voudrait encore. Peu après avoir écrit ces lignes, j’apprends, en communiquant avec Stéphane Desbiens, que cette pièce a été écrite par le bassiste, son fils de dix-sept ans. Je fouille dans ma mémoire, certains riffs de basse me reviennent à l’esprit, je les réécoute et je peine à le croire. Il est vraiment bon le petit ! Il joue avec assurance, et démontre beaucoup de dextérité. Je n’ai pas de peine à imaginer la fierté d’un père qui permet à l’immense talent de son fils de s’exprimer. Le talent est une tare familiale chez les Desbiens !
En résumé, leur musique est parfois atmosphérique à la Pink Floyd, parfois un peu déstructurée à la King Crimson. Il arrive que le clavier et la guitare se répondent ou que l’on rajoute du violon un peu à la UK. Sans oublier quelques emprunts sonores faits à Genesis. On y retrouve une musique diversifiée appuyée par des musiciens de talent, en particulier par Stéphane Desbiens à la guitare. Cet artiste sait comment bien appuyer ses solos soit par une guitare lourde, une guitare sèche, un riff de basse qui cogne ou en accompagnant un clavier qui se laisser aller. Bref, le message passe et il passe très bien. La diversité du jeu de Stéphane me fait penser à Nick Barret de Pendragon. On retrouve également une basse très présente et dynamique, je pense, au superbe riff de basse qui accompagne le solo de guitare et de violon sur ‘Find your Sun’, impressionnant pour un jeune homme de dix-sept ans. On pourrait presque intituler l’album « Find Your Son ». Cette musique diversifiée est bien soutenue par une batterie solide, du violon, des claviers bien utilisés et l’ajout de quelques instruments à vent.
Même s’ils ne sont pas prophètes au Québec, ils m’ont converti… Car je n’aime pas, j’adore!
André Simard
Le québécois