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Heaven And Earth
Yes - Heaven And Earth
Titre : Heaven And Earth
Groupe : Yes
Sortie : 2014
Label : Inconnu
Format : CD
Genre : Progressif

La chronique note de la chronique
Les évaluations Evaluations
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Titres

  • Believe Again
  • The Game
  • Step Beyond
  • To Ascend
  • In A World Of Our Own
  • Light Of The Ages
  • It Was All We Knew
  • Subway Walls

Jon Davison [], Steve Howe [guitariste], Chris Squire [], Alan White [batteur], Geoff Downes [clavier]

Heaven & Earth

18 juillet 2014 (Europe), Frontiers Records
Mixage : Billy Sherwood.
Production : Roy Thomas Baker.

Musiciens :
Chris Squire : basse, chœurs
Steve Howe : guitares, chœurs
Alan White : batterie, percussions
Geoff Downes: claviers, programmation
Jon Davison: chant

Nous y voilà : 46 ans après sa naissance, Yes continue sa route entre terre et paradis… Ironie de l’histoire : en 1996, Jon Anderson, l’archange yessien, participait à un projet homonyme au sein de Cielo y Tierra…
Vous allez me dire : ça y est, Togo Chubb va nous faire le couplet du Jon manquant (à la place de l’autre qui n’est pas le vrai, je seul Jon de Yes)…
Eh bien non, il n’y a même pas besoin, et je ne parlerai pas non plus du traitement invraisemblable (pour rester courtois) infligé à Anderson (mais aussi à Benoit David, d’ailleurs) par le couple Squire/Howe.
Je vais plutôt commencer par dire d’où je parle. Une partie des musiciens de Yes ont commencé à jouer il y a cinquante ans et je les écoute depuis quarante. Yes est un des groupes de mon Panthéon, tous styles confondus. J’admets bien volontiers qu’un groupe qui dure si longtemps puisse avoir des hauts et des bas, produire des disques variés, voire même inégaux (dans le même registre, je pardonne quasiment tout à Paul McCartney…).
Passons sur la période qui va, disons, jusqu’à Going For the One qui commence à marquer une rupture mais qui reste dans le cadre mythique dressé par la tétralogie Fragile-Close to the Edge-Tales from Topographic Oceans-Relayer. Passons sur Tormato (malgré sa fulgurance maladroite et une certaine violence brute) et ce groupe qui se perd après que les punks aient tenté de tuer les dinosaures prog sachant trop bien jouer de leurs instruments.
La rupture de Drama m’avait plu, et les Buggles apportaient quelque chose d’intéressant (à part les reprises des anciens titres sur scène ou Trevor Horn ne pouvait faire le poids). La période Trevor Rabin, outre le retour du succès, avait apporté une énergie palpable et un son nouveau qui, au final, n’ont fait hurler que Steve Howe (et quelques puristes rétrogrades).
La transition Anderson, Bruford, Wakeman & Howe avait su montrer que Squire n’était pas indispensable (bon, il faut dire que Tony Levin et Jeff Berlin ne sont pas des faire-valoir). Union, et surtout le Union Tour, avaient ensuite révélé au grand jour l’arrière-plan du trust Yes, la scène ronde (roudabout?) laissant tout paraître…
Quid également de la suite et des perpétuels changements de keyboardiste (beurk, que c’est moche cet anglicisme !) faisant perdre à Yes une de ses grandes forces (on ne remplace pas de la sorte Rick Wakeman ou Patrick Moraz, encore moins avec un orchestre symphonique)… Jusqu’à l’accident Fly From Here !
Non contents de booker des dates pour cause de Anderson sans voix, le duo infernal Squire/Howe se prend au jeu de contrôler le vaisseau en recrutant via vidéo un chanteur à la voix proche, un clone en quelque sorte. N’y voyez pas une attaque contre Benoit David, c’est un excellent chanteur (notamment dans Mystery) et il a également été traité comme une bouse par les deux affreux. Non, c’est plutôt que Fly From Here ne fonctionne pas. Si la longue pièce homonyme peut encore le faire malgré l’erreur de casting (le chant est pour Trevor Horn là-dessus) et la production toujours de qualité du même TH, le reste ne ressemble à rien et les compositions amenées par Squire et Howe sont faibles (pour rester gentil…).
Et Yes de nous présenter un nouveau clone, après avoir purgé le premier qui semble ne pas s’en remettre… Jon Davison ayant ses lettres de noblesse avec Glass Hammer, on se dit que, pourquoi pas… D’autant que Howe en profite pour lâcher Asia et se consacrer à “son” groupe. Downes est confirmé, bon, lui fera le doublon entre le Oui et l’Asie… Diantre ! Et le groupe de partir en tournée avec des concerts fleuves revisitant les grands disques du répertoire ; et là, à force de dégoter des vidéos de concert, on se dit (en tout cas, je me dis) que ça ne peut pas marcher. Oh, ce n’est pas la faute de Davison qui ne s’en sort pas si mal. C’est le reste qui ne suit pas. Le groupe est devenu la chose de Squire/Howe et les autres sont limités à la portion congrue. J’ai mal au bide, mais comme on annonce un nouveau disque avec une implication importante de Davison, la production de Roy Thomas Baker, je me dis que les dieux du prog vont peut-être être cléments… “The Clap” of the intro !

Arrive donc la galette après quelques extraits et un morceau entier qui a fuité à un moment… Aie, la première impression n’est pas bonne. Deux premières écoutes de l’album et ça coince toujours, fichtre. Parti pour faire une critique incendiaire par trop subjective, le chroniqueur fou se reprend, le vieux fan se ressaisit et préfère se dire que, bon, il va fermer les yeux sur le nom du groupe et la presque sublime pochette de Roger Dean et écouter Heaven & Earth comme si c’était un nouveau groupe (comme aurait pu l’être Cinema si vous voyez ce que je veux dire…). Awaken !
Et plaf, un vrai Boeing qui s’écrase on ne sait où ! Il n’y a quasiment rien dans ce disque. Bien sûr l’implication de Davison est réelle (il est un poil plus bas que Anderson et ne cherche pas systématiquement à l’imiter ; il cosigne 7 des 8 titres, on se demande ce que branlent les autres…). Oui, Billy Sherwood fait un bon mixage sur les voix (pour le reste, on s’interroge : a-t-il eu le droit de toucher aux boutons et curseurs de la console…). OK, Roy Thomas Baker est un grand producteur, mais avec peu d’expérience dans le prog (bon, le géantissime A Night at the Opera de Queen, c’est lui, et le gentillet 3 Ships d’un certain Jon Anderson aussi…). Mais là, il fait quoi, à part faire sonner Alan White comme un batteur de baloche ?
Admettons que “Believe Again”, “The Game” et “Step Beyond” soient de sympathiques morceaux pop pas trop mal fichus et pas si désagréables à écouter (bien qu’un peu longs), après, ça part en sucette par jour de grande chaleur (sans rien pour comprendre l’élévation de température en fait). C’est froid, c’est mou de bout en bout, les musiciens “historiques” ne semblent pas concernés (juste un prétexte pour partir en tournée de promo sans jouer ces morceaux ou très peu ?).
L’ironie, c’est que Howe est parti de Asia pour tenter de nous en refaire un peu dans Yes, et pas du meilleur ! Là où l’association des compositeurs Wetton/Downes fonctionne dans le genre, là où la voix de John Wetton donne une signature essentielle, là où Asia a un peu de pêche par moments et où les claviers de Downes ne sont pas muselés, ici il n’y a que platitude et l’approche du ridicule (“It was All We Knew” est confondant de niaiserie, avec un break qui sent le remplissage)...
Au final, la seule tentative ayant un quelconque crédit est Subway Walls : intro symphonique à la Asia de Downes, un riff de basse fin, une guitare qui double et qui sautille, des breaks et des contretemps, un chant et un refrain qui fonctionnent - on pourrait imaginer Trevor Rabin apporter du peps à ce titre - et Downes se fend même d’un petit solo d’orgue façon Jon Lord ou Don Airey - en moins bon spécialiste cependant (le premier solo de Steve Howe est celui d’un guitariste absent, sans inspiration…), et l’aspect symphonique revient sur le final un poil plus animé que le reste (on va boucler et Steve Howe se réveille pour distiller enfin un solo digne de son immense talent).
La blague la plus énorme, c’est que le titre est signé Davison/Downes, soit les deux plus récents membres du groupe ! Ce sont eux les grands gagnants : Davison parce qu’il a réussi son rêve de faire un album avec Yes, Downes parce qu’il joue sur les deux tableaux : celui d’Asia et celui de Yes ; mais ce sont des victoires à la Pyrrhus !
Les trois autres (mais Alan White a-t-il quelque chose à dire au final ?) se sont accrochés à un nom synonyme de reconnaissance (et à ce titre, Yes est un monument de la musique contemporaine), mais surtout, on a compris maintenant, de cash-flow, oubliant tout ce qui avait fait la beauté de leur musique, la recherche perpétuelle des fameuses clés pour continuer l’ascension vers le cœur du soleil levant…


Rédigé par Henri le 28/07/2014
Commentaires

Tres mou et trop pop
Le 30/07/2014 par reze

tres bonne critique et meme ressentit !

c'est honteux cre qu'ils ont fait à jon anderson et ils le payent ...
Le 29/07/2014 par ésoj