Titres
Arne Schäfer [chanteur,guitariste,bassiste,clavier]
Si je vous parle aujourd’hui de l’album Endurance of the obsolete, vous le devez à ‘Waiting for the dawn’, long de cinq minutes et quarante-trois secondes, et titre le plus court de l’album.
Le projet d’Arne Schäfer n’a jamais trouvé d’oreille complaisante dans nos colonnes. Rock progressif sans grand caractère, chanté par une voix guère calibrée pour l’exercice, Apogee peine à se mesurer à ses prédécesseurs et modèles.
Arne joue, chante, écrit, compose, arrange, laissant le soin à Eberhard de rythmer l’ensemble à la batterie et aux percussions. Arne possède le timbre et la tessiture d’Andy Tillison, autant dire très loin d’une voix de ténor. Un chant à la limite de la justesse, plus parlé que chanté. Et comme la musique n’a ni la folie ni la richesse de celle de The Tangent, les albums d’Apogee, pourtant nombreux, souffrent de la comparaison.
Maintenant que Apogee est à terre, il suffirait d’un dernier coup pour l’achever. Mais voilà, passé un premier titre éreintant malgré son canon acapella, je suis tombé sur ce ‘Waiting for the dawn’ à l’écriture épurée, à la guitare acoustique qui sonne comme le ‘The Musical Box’ de Genesis, l’unique respiration dans un album marathon de soixante-cinq minutes composé de titres fleuves dont le dernier dépasse le quart d’heure.
Le nom de l’album, Endurance of the obsolete, a pourtant éveillé la personnalité bobo écolo enfouie au fond de moi. Intrigué, j’ai ouvert le livret, pour découvrir les paroles, même si les mots sont sujet à interprétations, comme le souligne ‘Interpretations’, le premier titre de l’album. Des paroles, parfois très dures (‘Overruled’) résonnent comme un “c’était mieux avant”, “ceux qui nous gouvernent sont manipulés”. D’autres se révèlent défaitistes (‘Waiting for the dawn’), nostalgiques (‘Endurance of the obsolete’) ou encore mystiques (‘The complex extensive way’).
Voilà pour les mots. La musique qui les porte est progressive à souhait, influencée par Gentle Giant, The Tangent, avec quelques touches de Beatles ou Deep Purple ici et là. Une musique avec force de claviers, flûte, orchestration, soli de guitares (‘Endurance of the obsolete’), changements de tempo à foison, rebondissements, etc… Si Arne possède de vrais talents de guitariste, cela n’en reste pas moins du rock progressif poussiéreux joué par un seul homme, et cela s’entend. Le chant occupe une grande place dans les compositions, parfois acapella comme dans ‘Interpretations’, mais Arne dégage suffisamment d’espace dans des formats de huit à seize minutes pour laisser parler les instruments, comme dans l’ouverture de ‘Spirits Disengage’ ou le final de ‘The complex extensive way’, ainsi que dans ‘Overruled’. Malgré cela, un chant récitatif assez monotone domine l’album.
Passé un plaisant ‘Waiting for the dawn’ et quelques jolis passages instrumentaux, Endurance of the obsolete reste dans la lignée des précédents, à savoir une musique déjà jouée et rejouée des milliers de fois, des textes engagés qui ne feront certainement pas l'unanimité même chez les bobos écolos, et un chant qui, rapidement, fatigue l’oreille.