Titres
Formation en 1995
Arjen Anthony Lucassen []
Mon petit doigt m’a dit que Arjen Lucassen venait de composer un nouveau rock opéra. Il m’a également dit qu’une fois encore, il y aurait pléthore de voix incroyables dans le casting comme Cammie Gilbert ou Marcela Bovio, mais également des musiciens de folie comme Joe Satriani. Ce qu’il ne m’a pas dit, c’est que cette fois Ayreon délaisserait les terres arides de la science-fiction pour explorer l’humus du fantastique.
Transitus raconte l’histoire d’un amour contrarié entre Daniel et Abby, un péplum d’une heure vingt et vingt-deux morceaux qui ouvrent les portes du monde des esprits et de l’enfer. Rassurez-vous, les amants se retrouvent à la fin de l’histoire, dans le happy ending du dernier titre. Ils peuvent enfin vivre leur amour, mais à l’intérieur de Transitus.
Tommy Karevik (Kamelot) joue le rôle de Daniel, Cammie Gilbert (Oceans of Slumber) celui de Abby, mais vous trouverez également Simone Simons (Epica), Dee Snider (Twisted Sister), Joe Satriani, Marty Friedman, Johanne James (Threshold), Noa Gruman (Scardust), Marcela Bovio (MaYan), Caroline Westendorp (The Charm The Fury), Paul Manzi (Arena), Micheal Mills (Toehider), Amanda Somerville (Avantasia, Trillium) et plein d’autres artistes dans ce nouveau Ayreon. Sacré casting !
Mais Dieu que la pochette est laide ! En lettres capitales en relief or et feu, tel un immonde Word Art perdu dans un ciel étoilé, le titre Transitus survole un monde chaotique sur lequel se lève le soleil. C’est vraiment affreux ! Avec un peu de chance, ceux qui ont acheté l’album pourront se réconforter avec la bande dessinée réalisée par Felix Vega et qui raconte l’histoire de Transitus.
Plus les années passent, plus Ayreon copie Ayreon. Avec Transitus cela devient franchement flagrant : les titres des morceaux rejoignent les précédents albums (‘This Human Equation’), les paroles se répètent (‘Daniel’s Funeral’), les artistes invités (Marcela Bovio, Michael Mills...) sont déjà venus, la manière de raconter l’histoire ne change pas, le son des instruments et la musique elle-même sont prévisibles. Arjen fait appel une nouvelle fois à un narrateur que vous retrouverez très souvent au début des morceaux. Cette fois il s’agit du Doctor Who, Tom Baker lui-même, et il faut avouer que ses interventions permettent de bien suivre le récit. La musique mélange folk, metal progressif et rock opéra comme d’habitude, mais Transitus tabasse nettement moins que les autres Ayreon, à croire que Arjen se ramollit avec l’âge.
Tom Baker nous explique les tenants et les aboutissants de ce fatras ectoplasmique tout au long de l’album, commençant dans ‘Fatum Horrificum’ où il présente le récit qui prend place en 1884 et met en scène les deux amoureux Abby et Daniel. Mais par quel tour de passe-passe Daniel se retrouve-t-il à mi-chemin entre l’enfer et le paradis, dans le fameux Transitus ? C’est ce que nous allons découvrir à partir de ‘Listen to My Story’, cette histoire que Daniel raconte à l’ange qu’il rencontre à l’intérieur du Transitus.
Sorti de quelques titres, Transitus n’offre guère de surprise. Il ya bien une basse bondissante et des cuivres dans ‘Listen to My Story’ qui lui donne un air de Ghostbusters, la ballade au piano et violon de ‘Old Friend’, encore que ce genre de titre se retrouve dans d’autres opus, la délicieuse guimauve de ‘Seven Days Seven Nights’, ‘This Human Equation’ avec ses cuivres à la James Bond, un ‘Inferno’ au choeur grégorien façon Era et ‘Your Story Is Over’ qui reprend le thème de ‘Listen to My Story’. Sorti de cela, vous retrouverez les vingt-cinq années de bons et loyaux services de Ayreon au rock opéra.
Transitus nous livre du Ayreon on ne peut plus classique, de magnifiques voix, un narrateur, une histoire fantastique et romantique, une partition confortable comme des charentaises, mais j'avoue être quelque peu déçu. Qu’apporte Transitus à la discographie exceptionnelle de Arjen Lucassen ? Une BD en carton souple ? De nouvelles chanteuses à son tableau de chasse ? Cet album ne marquera pas les esprits comme avait pu le faire Into The Electric Castle en son temps. De là à écrire que je n’ai pas pris plaisir à l’écouter et le réécouter, ce serait vous mentir, cela reste quand même un Ayreon, mais certainement pas le meilleur.
Maintenant que j'ai reçu le vinyle, je peux vous le dire, la BD est très moche elle aussi...
Le 24/09/2020 par Neoprog