Titres
Formation en 2007
L’enregistrement de Ellengaest, dernier album de Crippled Black Phoenix, ne s’est pas fait dans les conditions initialement prévues. Les difficultés et le drame, le groupe créé en 2004 par le britannique et multi-instrumentiste Justin Greaves y est habitué. La naissance du groupe s’est déroulée autour de deux drames. La première est la mort, d’une crise cardiaque, du chanteur Johnny Morrow avec qui il avait fondé Iron Monkey. Le nom Black crippled phoenix est tiré d’une chanson qu’ils avaient co-écrite ensemble. Par ailleurs, lorsque le meilleur ami de Justin Greaves, qui l’avait encouragé à enregistrer les chansons qu’il composait à la guitare acoustique, est décédé d’un accident de la route, la création de Crippled black phoenix devenait inévitable. Un autre épisode plus que compliqué dans la vie du groupe a été le départ du guitariste Karl Demata, accompagné du bassiste Christian Heilmann. En effet, le premier nommé a non seulement piraté la page facebook mais aussi essayé de voler le nom du groupe en l’enregistrant en secret. Cela a bien évidemment amené un sérieux conflit entre les deux parties et une énorme colère de Justin Greaves qui a alors pensé tout arrêter. Mais finalement il a remis la machine en route, une fois la situation clarifiée en 2015, accompagnée d’une signature chez un nouveau label, Season of Mist. Le groupe va ensuite sortir deux superbes albums, Bronze en 2016 et Great escape en 2018.
La musique de Crippled Black Phoenix dégage une noirceur et une colère qui feraientt presque passer Roger Waters pour un joyeux drille. Si je cite ce dernier c’est notamment parce que Pink Floyd est incontestablement une des influences musicales de Justin Greaves. Outre leurs reprises de ‘Run Like Hell’ ou de l’intégrale d’’Echoes’, leur discographie contient plusieurs titres aux forts accents floydiens. Cependant l’ensemble de leur musique est beaucoup plus diverse que cela. Il est possible d’entendre notamment du post rock, du post metal, du space rock ou même de la cold wave, liste non exhaustive. Les thèmes musicaux sont souvent très sombres et lents. A l’origine, ils qualifiaient leurs titres de ballades de fin des temps.
Mais revenons à la création d’Ellengaest, terme issu de langages anciens qui peut être traduit par “esprit fort” mais aussi par “démon malveillant”. Le claviériste Mark Furnevall, membre de base du groupe des dernières années, avait déjà décidé de partir vers des contrées musicales plus légères, mais voilà que peu de temps avant l’enregistrement c’est au tour du chanteur et guitariste Daniel Änghede de prendre le large. Il reste alors autour de Justin Greaves sa complice du duo Se Delan, Belinda Kordic pour le chant féminin, le guitariste Andy Taylor et la multi-instrumentiste Helen Stanley. Plutôt que de chercher un nouveau chanteur, la décision a été de faire appel à divers amis et connaissances. Cette solution est adaptée pour un enregistrement studio. Il faudra sûrement en trouver une autre lorsque le groupe voudra reprendre les tournées.
Le morceau d’ouverture ‘House of fools’ débute par la douce trompette aux accents morriconiens d’Helen Stanley. avant qu’elle soit brutalement interrompue par un déluge sonore légèrement dissonant. Un mid tempo à la Pink Floyd s’installe ensuite, et c’est la voix de Vincent Cavanagh qui se fait entendre au chant principal accompagné par Belinda Kordic. Après une belle transition aux piano et trompette, l’ambiance se fait plus tendue sur la dernière partie du morceau.
Le rôle des chanteurs est inversé sur le terrible ‘Lost’ qui montre un désespoir certain par rapport à l'humanité.
‘In the night’ voit la participation du chanteur de black metal norvégien Gaahl. Sur un rythme très lent, il laisse parler sa voix sur un ton narratif avant une montée en puissance où il se met à chanter accompagné de Belinda Kordic. Andy Taylor nous offre un solo de guitare aux accents floydiens.
‘Cry of love’ propose un nouveau duo masculin-féminin au chant, mais cette fois-ci pas de Belinda Kordic. L’américain Ryan Patterson, fondateur du groupe de punk rock Coliseum et qui officie parfois en tant que bassiste sur les tournées de Crippled Black Phoenix, est ici associé à l’artiste solo Suzie Stapleton australienne, désormais installée à Londres et dont le premier album We are the plague est paru cet été. La rythmique est plus enlevée qu’à l’accoutumée avec une touche gothique, cold wave et pop. Les voix éraillées pleurent la perte d’un être cher.
Le contrasté ‘Everything I say’ est lui porté par la seule voix de Belinda Kordic. Après un intermède instrumental intitulé (-) se trouve surement le chef-d’oeuvre de l’album interprété par l’artiste androgyne norvégien Jonathan Hulten, auteur cette année de son premier album solo, Chants from another place, très éloigné de l’univers du groupe Tribulation au sein duquel il officie en tant que guitariste. Ce titre possède un côté hypnotique et envoûtant très réussi.
Cerise sur le gâteau ou bien chantilly superflue selon les goûts, l’album se termine par une reprise de Bauhaus, ‘She’s in parties’. Comme souvent lorsque Crippled Black Phoenix s’essaye aux reprises, elle est très proche de l’original sur le plan musical. Par contre le chant de Belinda Kordic, qui s’est sans doute fait un petit plaisir avec cette reprise, est très réussi. A noter que Suzie Stapleton officie à la guitare.
Bien que je garde une préférence pour son prédécesseur, la réussite de cet Ellengaest démontre tout le sens de l’adaptation et le talent de Justin Greaves et de ses acolytes. D’une intensité indéniable, il se veut encore plus noir que son prédécesseur, et le choix des invités va dans ce sens .
Video Cry of love :
Video Lost (Attention images violentes) :