Titres
Formation en 1972
Devin Townsend [chanteur,guitariste,clavier], Ryan Van Poederooyen [batteur], Dave Young [guitariste], Brian Waddell [bassiste], Mike St-Jean [clavier]
Musiciens invités :
Anneke Van Giersbergen - chant
Chad Kroeger - chant
Mike Keneally - guitare, clavier
Scott Reinson - guitare, clavier
Ryan Dahle - guitare, clavier
Eric Severinsen – choeur
Jess Vaira - choeur
Steve Vai - guitare
Eliott Desagnes - chant
The Elektra Women choir – chœurs
Ché Aimée Dorval - chant
Morgan Ågren – batterie (partie jazz, calme)
Anup Sastry - batterie (partie prog metal)
Samus Paulicelli - batterie (partie metal)
AVERTISSEMENT !!
TOUTE PERSONNE N'AYANT PAS UN SOLIDE SENS DE L'ÉCLECTISME ET UNE OUVERTURE D'ESPRIT À TOUTE ÉPREUVE NE SERA PAS ADMISE DANS CET ALBUM
Celui-ci s'adresse aux fans de death metal, de pop, d’opéra, de trash, d'opérette, de musique de jeu vidéo en 8 bits, d’électro, de musiques de films Disney, de Luis Mariano (qui ?), de growl, de marimba, de chœur féminin, de chœur d'enfants, de cris d'animaux en tout genre, de double grosse caisse, j'en passe et des meilleurs.
Devin Townsend a créé avec Empath la première comédie musicale progressive et métallique de l'histoire, et je ne dis pas comédie musicale avec des morceaux de progressif et de metal dedans, mais comédie musicale dont l'essence même est progressive et metal; il est donc, au final, assez difficile de classer cet album dans une catégorie quelconque, mais n’est-ce pas là le but poursuivi par le génial canadien ?
‘Castaway’, le premier morceau, nous transporte en bord de mer des Caraïbes avec ses cris de mouettes et le remous des vagues couverts par le son des marimbas, marinbas qui laissent rapidement leur place à un chœur féminin évoquant un chant de noël, choeur qui nous accompagne en douceur jusqu'à ’Genesis’, premier vrai morceau de l'album dans lequel se côtoient électro, hard rock, arrangements classiques, refrain pop imparable et double grosse caisse death metal, le tout adouci le temps de quelques secondes par les miaulements de chatons qui n'auraient probablement jamais pensé se retrouver impliqués dans un tel projet. Un morceau annonciateur de ce que va être la suite de ce foisonnant Empath, démesure, folie et fun.
Changement radical pour le lumineux et ultra mélodique ’Spirit Will Collide’ porté par sa power chorale, et par la voix majestueuse de Devin Townsend.
Vient ensuite ‘Evermore’, véritables montagnes russes qui alternent la légèreté, avec son début calme à la guitare acoustique, et le torturé du chœur et des cordes, donnant parfois au morceau des airs de Carmina Burana de Carl Orff.
L'electro pop ‘Sprite’, aérien et léger, débute par “Once upon a time”, à la manière d'un conte de fées, et nous entraîne dans un voyage dans les nuages. ‘Sprite’ est l'exact contraire de son successeur, le furieux ‘Hear me’ quasi death metal avec ses blasts et ses hurlements déments, que seule la voix d'Anneke Van Giersbergen, îlot de douceur dans ce morceau de pure agressivité, vient tempérer pour la plus grande joie de nos oreilles.
‘Why’ remet au goût du jour l'opérette, style musical léger et réputé non sérieux, qui connut son heure de gloire dans les années 45/50 grâce notamment à Luis Mariano.
On s’aperçoit ici des qualités de chanteur de Monsieur Townsend, et de sa folie.
Qui d'autre peut, en effet, faire cohabiter dans le même morceau castagnettes et growl, et qu'en plus, cela fonctionne ?
Le cartoonesque ‘Borderlands’ avec son intro reggae est construit autour d'une rythmique entraînante sur laquelle viennent se greffer en vrac, des chants de cours d’école maternelle, de nombreux samples, du saxophone et un magnifique break atmosphérique en son milieu, puis qui revient à la fin du morceau.
Vient ensuite ‘Requiem’, titre court qui ne dénoterait pas dans un film Disney, quand tout se finit bien et que le prince épouse enfin la princesse, après une heure vingt de tracasseries en tous genre.
Mais quand on pense que c'est fini, Devin Townsend enfonce le clou avec ‘Singularity’, morceau de plus de vingt-trois minutes dans lequel on retrouve tous les éléments qui nous ont accompagnés tout au long de ce voyage, et même plus.
On se balade encore une fois dans des univers qui habituellement ne se rencontrent jamais, faisant de ce morceau un modèle de rock dit progressif, progressif étant ici utilisé dans le sens de progression, évolution. Jazz rock, growl, double grosse caisse, samples, pop, electro, chœur, chorale ou encore la guitare de Steve Vai, se mêlent pour créer un support aux émotions qui nous traversent à l’écoute de ce morceau (et de cet album).
Devin Townsend, qu'on l'aime ou pas, est un des rares artistes à ne pas être inspiré par d'autres, mais dont on s'inspire. Sa musique ne ressemble à rien de connu, il ose et se permet tout (à l'image d'un Mike Patton), et il est plus que probable que cet album ouvre des portes par lesquelles nombreux vont essayer de s'engouffrer.
Il nous utilise, sur cet Empath, comme cobaye de ses expérimentations musicales, et personnellement je l'en remercie car c’est une belle expérience dont on ressort, il est vrai, lessivé mais heureux, et curieux de voir ce que son esprit a imaginé pour les concerts à venir.