Titres
Formation en 1995
Jonas Reingold [bassiste], Tomas Bodin [clavier], Hasse Fröberg [chanteur,guitariste,bassiste], Roine Stolt [chanteur,guitariste], Hasse Bruniusson [batteur]
Quelles sont ces îles dont parle le dernier album de The Flower Kings ? Un an après le magnifique Waiting For Miracles, le groupe légendaire nous livre avec un peu d’avance sur le planing initial quatre-vingt-quinze minutes de rock progressif sous la forme de vingt et une pièces petit format.
Immanquablement, vous aurez reconnu la patte du graphiste Roger Dean derrière la pochette de Islands, celui qui réalisa l'artwork de classiques de Yes, Asia et bien d’autres. Une illustration fantastique qui aurait pu servir d’affiche à la suite du film Avatar.
Des îles donc, des lieux coupés du monde comme les musiciens isolés dans leurs pays respectifs du fait de la COVID-19 et qui auront travaillé sur l’album à l’aide des technologies de l’Internet. C’est justement le thème de Islands, l’isolation, la perte, la peur de ne plus être relié à rien.
J’ai eu bien des difficultés à aborder ce kaléidoscope progressif composé de tout petits riens décousus, plus proches parfois de l’écriture de The Tangent que du prog symphonique de Waiting For Miracles. La musique de The Flower Kings est exigeante, et l’écouter sur de si petits formats laisse peu de temps à l’oreille pour se l’approprier. Il faut donc y revenir à de nombreuses reprises et lorsque que l’on connaît la durée de Islands, vous comprendrez bien que l’exercice exige un temps considérable. Alors plutôt que d’essayer de vous donner une vision globale, impossible avec Islands, je vais jeter quelques coups de projecteurs sur les titres qui ont attiré mon attention plus que d’autres.
L’ouverture funky rythmée de ‘Racing With Borders On’ emprunte beaucoup aux séries américaines des années soixante-dix, et s’il n’y avait ce son de guitare caractéristique, on se croirait presque embarqué dans un album de The Tangent, du moins jusqu'à la moitié. A l’opposé, le petit ‘Goodbye Outrage’ semble un îlot perdu au milieu de l’océan avec son orchestre de chambre. Et pour tout vous dire, je l’adore. A l'extrême opposé il y a ‘Solaris’, le grand format de l’album qui dépasse les neufs minutes. Le titre se révèle être une créature hybride entre du symphonique, du rock progressif et quelques touches expérimentales. Nous y retrouvons ici les compositions à tiroirs qui ont fait le succès de The Flower Kings et celle-ci est magnifique. Et puis il y a cet improbable ‘All I Need Is Love’ qui possède un je ne sais quoi des Gipsy Kings et qui devrait pour le moins vous surprendre. J’oublierais presque ‘Northern Lights’, également un classique de The Flower Kings mais dont la première minute est absolument divine.
L’album recèle également quelques îles désertes d’où aucune voix ne s’élève comme ce ‘A New Species’ à la forme cinématique, le mystique ‘Looking For Answers’ qui mêle oriental et grégorien avec un long solo de guitare à la Gary Moore ou bien encore ‘Islands’, prog symphonique à souhait et qui sert de conclusion à plus d’une heure et demie de musique.
Islands contient à n’en pas douter des titres magnifiques. Hélas, le groupe n’a pas su jeter de ponts entre ces terres émergées et j’ai eu plus de plaisir à visiter chaque île une par une qu’à les survoler du ciel, en commençant par ‘Raising With Blinders On’ et en terminant avec ‘Islands’.